L'Iran coopère sur son programme nucléaire, dit l'AIEA

Selon le directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, l'Iran coopère avec les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique et répond à leurs interrogations comme prévu dans l'accord intérimaire conclu en novembre avec le groupe P5+1 sur son programme nucléaire. /Photo prise le 3 février 2014/REUTERS/François Lenoir

par Fredrik Dahl VIENNE (Reuters) - L'Iran, qui poursuit ses négociations avec les six puissances du P5+1, coopère avec les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et répond à leurs interrogations conformément à l'accord intérimaire sur son programme nucléaire, a déclaré mercredi le directeur général de l'agence onusienne. L'Iran a accepté le 24 novembre de limiter son programme nucléaire en échange d'un assouplissement des sanctions économiques prises dans le cadre de résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu. Entré en vigueur le 20 janvier, l'accord de Genève a ouvert une période de six mois consacrée aux négociations en vue d'un règlement définitif d'un contentieux qui dure depuis dix ans. Un nouveau cycle de négociations, le troisième de l'année, s'est achevé mercredi à Vienne entre les puissances du P5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie plus l'Allemagne) et l'Iran après deux jours de discussions. La prochaine session a été fixée au 13 mai. Les "sherpas" devraient commencer d'ici là à travailler sur un projet d'accord définitif afin de respecter la date butoir du 20 juillet. A l'issue des discussions mercredi, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Zarif, a affirmé que plus de la moitié des questions avaient été réglées. "Nous avons un accord sur 50 à 60% du projet de texte final (...) mais les éléments qui restent à discuter sont très importants et très divers", a-t-il dit aux journalistes. "SANS ACCORD SUR TOUT, PAS D'ACCORD" A son côté, la porte-parole de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a reconnu qu'il restait "encore beaucoup de travail à faire pour surmonter les divergences". "Notre but est de rapprocher les positions sur toutes les questions essentielles", a-t-elle dit. Un responsable américain a tenu à souligner : "la seule chose qui importe à la fin, c'est de parvenir à un accord. Sans accord sur tout, il n'y a pas d'accord..." Cité mercredi par l'agence officielle de presse Irna, le guide suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, a souligné que la République islamique devait poursuivre ces négociations sans pour autant céder sur les avancées obtenues par son programme nucléaire. "Tout le monde devrait savoir que des négociations ne mettront pas un terme, pas plus qu'elles ne freineront les activités de l'Iran quelles qu'elles soient dans le domaine de la recherche et du développement nucléaires", a-t-il déclaré à l'occasion de la Journée iranienne des technologies nucléaires. "Notre recherche dans la science nucléaire ne cessera jamais. Nous ne céderons pas une de nos avancées en matière de recherche et de développement nucléaires, et nos négociateurs ne doivent pas laisser l'autre camp malmener l'Iran", a-t-il ajouté. "ILS SONT COOPÉRATIFS" Pour un diplomate occidental proche des discussions en cours à Vienne, "les Iraniens ressentent clairement l'urgence de parvenir à un accord, de même pour le P5+1". Et si des désaccords significatifs demeurent, ajoute-t-il, "nous sommes tous convaincus qu'(un accord) doit être obtenu d'ici au 20 juillet". Pour l'heure, l'AIEA, qui joue un rôle central dans l'évaluation de la bonne volonté de la partie iranienne, estime que Téhéran remplit ses obligations. "Je peux vous dire que les mesures sont mises en oeuvre comme prévu (...) Nous travaillons avec eux et ils sont coopératifs", a déclaré son directeur général, Yukia Amano. L'AIEA publie chaque mois un rapport sur la mise en oeuvre de l'accord de Genève. Sa prochaine livraison est attendue autour du 20 avril. L'Iran doit notamment fournir à l'AIEA d'ici la mi-mai des informations sur ses projets de développement de détonateurs à déclenchement à rapide. Ces détonateurs ne sont pas nécessairement utilisés à des fins nucléaire, mais peuvent aussi être employés pour mettre à feu une bombe atomique. "Le problème pour l'Iran est d'apporter l'assurance que ses activités déclarées et ses matériels conservent une destination pacifique", a dit Amano lors d'un séminaire à Oslo. "Nous avons besoin de plus d'outils pour vérifier que toutes ces activités en Iran ont des objectifs pacifiques. Cela prend du temps à mettre en place", a-t-il poursuivi. (avec Louis Charbonneau à Vienne, Balazs Koranyi à Oslo et Mehrdad Balali à Dubai,; Pierre Sérisier, Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)