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Echange de prisonniers entre les Etats-Unis et l'Iran

par Parisa Hafezi

DUBAI (Reuters) - Les Etats-Unis et l'Iran ont annoncé samedi la libération de Xiyue Wang, un sino-américain détenu depuis trois ans en Iran, et de Massoud Soleimani, un Iranien arrêté aux Etats-Unis, rare acte de coopération entre Washington et Téhéran, dont les relations se sont de nouveau envenimées depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison blanche.

"Heureux que le professeur Massoud Soleimani et Xiyue Wang rejoignent bientôt leurs familles", a annoncé le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif sur Twitter, à la mi-journée.

"Merci à toutes les personnes impliquées, notamment le gouvernement suisse", qui représente les intérêts américains en Iran depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays après la révolution islamique iranienne de 1979, a-t-il ajouté.

Dans un message sur Twitter, Donald Trump a pour sa part remercié l'Iran pour une "négociation très juste". Cet échange de prisonniers prouve que les Etats-Unis et l'Iran "peuvent conclure un accord ensemble", a commenté le président américain, qui avait lui aussi auparavant remercié la Suisse.

Doctorant à l'université américaine de Princeton, Xiyue Wang avait été arrêté en 2016 en Iran alors qu'il faisait des recherches pour sa thèse avant d'être condamné en 2017 à dix ans de prison pour espionnage.

Expert en cellules souches, Massoud Soleimani avait lui été arrêté à l'aéroport de Chicago en octobre 2018, accusé d'avoir exporté du matériel biologique en Iran en violation des sanctions américaines imposées à Téhéran concernant son programme nucléaire.

"FAMILLE AU COMPLET"

La femme de Xiyue Wang, qui avait "supplié" fin août Donald Trump d'obtenir la libération de son mari, s'est réjouie dans un communiqué que sa famille "soit de nouveau au complet".

"Notre fils Shaofan et moi-même attendions ce jour depuis trois longues années et c'est difficile d'exprimer l'excitation que nous ressentons d'être réunis", a indiqué Hua Qu.

Plusieurs Américains sont toujours détenus en Iran, à l'image de l'homme d'affaires irano-américain Siamak Namazi et de son père Mohammad Bagher Namazi, condamnés à dix ans de prison pour "espionnage", ou encore de l'ancien militaire américain Michael R. White. Un ancien agent du FBI Robert Levinson est lui toujours porté disparu depuis 2007.

Plusieurs dizaines d'Iraniens sont quant à eux détenus dans des prisons américaines, accusés pour la plupart d'entre eux d'avoir violé les sanctions américaines.

Les relations entre Washington et Téhéran se sont considérablement dégradées depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump à la Maison blanche en janvier 2017 et la décision de ce dernier, un peu plus d'un an plus tard, de se retirer unilatéralement de l'accord sur le programme nucléaire iranien arraché de haute lutte en 2015, ce qui a abouti au rétablissement de sanctions américaines contre Téhéran.

La République islamique a riposté depuis en se désengageant progressivement des termes de l'accord qui prévoyait un encadrement de son activité nucléaire en échange d'un assouplissement des sanctions qui étouffent son économie.

"J'espère que la libération de M. Wang est le signe que les Iraniens se rendent compte que la pratique de la diplomatie de prise d'otages doit prendre fin si l'Iran veut rejoindre la communauté internationale", a dit un haut responsable de l'administration américaine à des journalistes.

(version française Marine Pennetier, édité par Bertrand Boucey)