Le Lion d'or décerné samedi après une Mostra de Venise stellaire
Pedro Almodóvar, Adrien Brody, Nicole Kidman... Isabelle Huppert et son jury se réunissent samedi pour décerner, entre autres prix, le Lion d'or du meilleur film au terme d'une Mostra de Venise rythmée par un défilé de stars sur son tapis rouge.
Après une dizaine de jours de compétition, la course reste très ouverte pour succéder à "Pauvres créatures" du Grec Yorgos Lanthimos, dans lequel Emma Stone faisait voler en éclats les carcans de la pudeur hollywoodienne.
Parmi les films les plus remarqués cette année par la critique internationale, le premier long-métrage tourné aux Etats-Unis, en anglais, par Almodóvar, "The room next door".
Le porte-étendard du cinéma espagnol met en scène l'actrice britannique Tilda Swinton et sa consœur américaine Julianne Moore dans une histoire de suicide assisté.
A 74 ans, un Lion d'or décerné par le doyen des festivals de cinéma viendrait couronner le parcours unique de l'ancien enfant terrible de la Movida, cinéaste des femmes et des sentiments, multisélectionné mais à qui les plus grands trophées ont toujours échappé, au premier rang desquels la Palme d'or cannoise.
D'autres long-métrages, plus confidentiels, dont une œuvre géorgienne sur l'avortement ("April" de Dea Kulumbegashvili) ou "Harvest", film d'époque tourné en anglais par une réalisatrice grecque, ont marqué les esprits.
La barre semble par contre un peu haute pour "Joker : Folie à deux", la suite du film inspiré de l'univers de Batman qui avait créé la surprise en 2019 en remportant le Lion d'or puis deux Oscar en 2020.
- Jolie en Callas -
Joaquin Phoenix est rejoint dans cet opus, tourné façon comédie musicale, par la mégastar de la pop Lady Gaga, mais son rôle semble un peu étroit pour un prix d'interprétation.
Les prestigieuses coupes Volpi du meilleur acteur et de la meilleure actrice pourraient bien échoir à d'autres stars hollywoodiennes, qui ont afflué cette année sur le Lido.
Un prix à Venise fait souvent office de mise en orbite avant les Golden Globes puis les Oscars aux Etats-Unis. Un destin dont peut par exemple rêver Angelina Jolie, qui joue à 49 ans le rôle de la cantatrice grecque Maria Callas dans un biopic intitulé "Maria", consacré à la fin de vie solitaire de "la voix du siècle" à Paris.
L'actrice, davantage reconnue jusqu'ici pour ses blockbusters et son engagement dans des causes humanitaires, aura fort à faire face à la concurrence de Nicole Kidman.
A 57 ans, l'icône glam s'expose comme rarement, lapant du lait dans une tasse, faisant des injections de botox à l'écran ou apparaissant nue de dos dans une scène de "Babygirl", un film qui veut réhabiliter le thriller érotique, version féministe.
L'heure était décidément à jouer avec les légendes cette année à Venise, où Daniel Craig, rendu célèbre en 007, pourrait tout à fait prétendre à un titre côté interprète masculin pour son rôle très "Queer" dans le film du même titre de Luca Guadagnino.
Dans ce récit adapté du livre éponyme de William S. Burroughs, l'acteur enterre définitivement le mâle alpha James Bond pour une divagation gay sous l'emprise d'alcool et de drogue.
Le festival a également été marqué par le retour d'Adrien Brody, dans le film "The Brutalist", lui aussi candidat sérieux au Lion d'or.
Ce long-métrage monumental de 3h30 revisite le mythe américain de l'intégration et ses failles, à travers le parcours d'un architecte survivant de la Shoah, interprété par Brody.
Côté français, les chances de médaille sont plus faibles, même si Vincent Lindon, habitué du Lido, peut nourrir des espoirs pour son rôle de père confronté à la dérive de l'un de ses fils vers l'extrême droite violente dans "Jouer avec le feu".
Le palmarès sera révélé lors de la cérémonie de clôture, au palais du cinéma, qui débute à 19H00 locales (17H00 GMT).
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