L'invitation d'Élisabeth Borne aux chefs de parti d'opposition, un "jeu de dupes" ?

Insoumis et communistes refusent de se rendre à Matignon. Le RN sera présent, mais surtout pour affirmer son opposition au projet "devant toutes les caméras". L'exécutif cherchera, lui, à faire la démonstration du dialogue, sans qu'un compromis sur les retraites ne soit réellement à l'ordre du jour.

La scène n'a pas encore été jouée. Mais tout pousse à croire qu'elle est déjà écrite. Le premier rôle revient à l'exécutif. Pour lui, il s'agit de faire la démonstration du dialogue, et de se montrer à l'écoute sur sa réforme des retraites. Et, plus généralement, prouver qu'il cherche à "apaiser le pays", pour reprendre les propos tenus par Élisabeth Borne cette semaine.

En ce sens, la Première ministre a invité plusieurs groupes politiques d'opposition à se rendre à Matignon en début de semaine. Emmanuel Macron lui a donné une nouvelle feuille de route: "élargir la majorité" et "bâtir un programme de gouvernement". Son destin dépend de la réussite de cette mission.

"Un peu facile de discuter après et pas avant"

Mais les différentes oppositions ne comptent pas lui faciliter la tâche. Manuel Bompard et Fabien Roussel, respectivement responsables de La France insoumise (LFI) et du Parti communiste français (PCF), ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne se rendraient pas à cette réunion avec Élisabeth Borne.

Là aussi, tout semblait couru d'avance pour ces formations qui n'ont aucun intérêt à accorder le succès du dialogue au gouvernement. "D'autant que c'est un peu facile de discuter après et pas avant", souligne notre éditorialiste politique Matthieu Croissandeau.

"Ça fait quand même trois mois que cette réforme a été présentée. L'opposition n'a été franchement écoutée, ni respectée pendant les débats parlementaires".

"Tout se décide à l'Élysée"

Insoumis et communistes ne sont pas contre un échange avec l'exécutif, mais ils visent le président de la République. "Tout se décide à l'Élysée", a souligné Fabien Roussel.

Dès lors, "les parlementaires de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) souhaitent "exiger le retrait du texte de loi devant l'Élysée mardi matin", a indiqué Manuel Bompard. Pour l'instant, les socialistes et les écologistes ne se sont pas prononcés sur leur venue ou non à Matignon.

Pour le RN l'occasion de s'exprimer "devant toutes les caméras"

Du coté du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen a donné son feu vert pour rencontrer la cheffe du gouvernement ce mardi. Tout en regrettant que l'échange soit organisé avant le 14 avril, date à laquelle le Conseil constitutionnel doit se prononcer sur la conformité du projet de loi.

L'extrême droite enfile un costume qu'on lui connaît bien depuis le début de la nouvelle législature. Celui d'une formation qui cherche à apparaître comme une force de gouvernement en faisant tout pour respecter les usages républicains. Pour autant, cet entretien sera "surtout l'occasion de s'exprimer sur le perron devant toutes les caméras", analyse Matthieu Croissandeau.

En clair, chacun joue sa partition dans cette séquence, sans qu'un compromis ne soit vraiment à l'ordre du jour. Un jeu de dupes.

Article original publié sur BFMTV.com

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