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L'intervention russe en Syrie enterre un accord de trêve locale

BEYROUTH/GENEVE (Reuters) - L'intensification des violences en Syrie provoquée par l'entrée en action de l'armée russe a sans doute mis fin aux espoirs de voir s'appliquer un accord de trêve locale dans deux régions de l'ouest de la Syrie. Cet accord, négocié le mois dernier sous médiation de l'Iran et de la Turquie, prévoyait avec l'aide de l'Onu une évacuation des rebelles de la ville de Zabadani et des civils pris dans les villages d'Al Foua et de Kefraya, où pour l'instant le cessez-le-feu est respecté. Toutefois, trois sources familières du dossier ont expliqué à Reuters que la campagne de frappes aériennes russes pour soutenir le régime de Bachar al Assad, notamment dans l'ouest du pays, a certainement enterré le projet d'évacuation des personnes se trouvant dans ces zones. Il semble que la reprise des combats entre les groupes rebelles et l'armée syrienne et ses alliés du Hezbollah libanais et autres ne soit qu'une question de temps. L'accord avait été scellé après une semaine d'offensives des forces pro-Assad pour reprendre la localité de Zabadani, proche de la frontière libanaise. L'arrêt de cette offensive avait convaincu les groupes sunnites Ahrar al Cham et le Front al Nosra, lié à Al Qaïda, à suspendre leurs attaques contre les villages de Kefraya et d'Al Foua occupés par des populations chiites dans la province d'Idlib dans le nord-ouest de la Syrie. "Le cessez-le-feu demeure mais c'est tout juste. L'accord est une des nouvelles victimes de l'escalade russe. On a oublié sa mise en oeuvre", a déclaré une source au fait des négociations. Deux responsables régionaux, informés des stratégies politiques et militaires du gouvernement syrien, ont expliqué que l'offensive terrestre lancée avec le soutien de l'aviation russe scellait la fin de l'accord. "L'accord est tombé. Kefraya et Al Foua ne sont plus concernés. L'alliance russo-iranienne est déterminée à libérer Idlib. De fait, Kefraya et Al Foua seront récupérés de cette manière", a dit un responsable. "L'offensive entamée dans la région d'Hama en direction d'Idlib va certainement conduire à la libération de Kefraya et d'Al Foua. Il n'y a donc plus de raison pour un accord", a ajouté un second responsable. Les rebelles syriens espèrent que l'entrée de la Russie dans le conflit va convaincre leurs alliés étrangers, en particulier l'Arabie saoudite, de leur fournir un soutien militaire accru. Les insurgés comptent sur la rivalité régionale entre le royaume saoudien et l'Iran. (Laila Bassam et Tom Miles; Pierre Sérisier pour le service français)