L'intersyndicale SNCF réfléchit à étendre le calendrier de la grève

L'intersyndicale de la SNCF, qui se réunit mardi pour faire le point du mouvement social contre la réforme ferroviaire, pourrait décider d'une prolongation de la grève entamée le 3 avril pendant les vacances d'été, a confirmé lundi un responsable de la CFDT, désormais sur une ligne dure. /REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - L'intersyndicale de la SNCF, qui se réunit mardi pour faire le point du mouvement social contre la réforme ferroviaire, pourrait décider d'une prolongation de la grève entamée le 3 avril pendant les vacances d'été, a confirmé lundi un responsable de la CFDT, désormais sur une ligne dure.

Le cinquième acte de la grève à la SNCF s'est ouvert dimanche soir pour deux jours, avec un trafic ferroviaire toujours perturbé.

Selon la direction de l'entreprise publique, 17,45% des cheminots étaient en grève lundi à la mi-journée, contre 22,73% lors de la journée précédente.

Le taux de grévistes reste toutefois élevé chez les conducteurs (62,6%). Il est de 48,7% chez les contrôleurs et de 24,4% chez les aiguilleurs.

Deux TGV sur cinq circulaient lundi, de même que trois TER sur sept, trois Intercités sur dix et trois Transilien sur sept. Un train sur deux était en service à l'international, notamment trois Eurostar sur quatre.

La grève contre la réforme de la SNCF se déroule théoriquement jusqu'au jeudi 28 juin, à raison de deux jours sur cinq, selon le calendrier arrêté par les syndicats représentatifs qui laissent toutefois entendre, CFDT y compris, que la grève pourrait empiéter sur juillet, voire août.

"Il n'y aura pas de grève cet été parce que les cheminots sont des gens responsables", a assuré dimanche le président du directoire de la SNCF, Guillaume Pepy, au "Grand Jury" RTL-LCI-Le Figaro, estimant que le mouvement "s'érod[ait] lentement".

"Il nous dit 'la loi est votée, circulez y'a plus rien à voir', sauf que la loi, il y a plein de choses qu'elle ne prévoit pas", particulièrement sur les garanties sociales, a répliqué lundi sur LCI Rémi Aufrère-Privel, secrétaire général adjoint de la CFDT-Cheminots.

LA SNCF ASSIGNÉE EN JUSTICE

"Si nous sommes aujourd'hui dans cette situation-là, après presque six semaines de concertation, sans engagement sur l'essentiel, ça nous semble important, effectivement, de définir peut-être un calendrier qui va au-delà du mois de juin", a-t-il déclaré alors qu'on l'interrogeait sur la possibilité d'une grève longue.

L'intersyndicale, qui "n'exclut rien", se réunit mardi en fin de journée.

"Un mouvement de grève connaît toujours des hauts et des bas, en 1995 c'était la même chose. Nous estimons que nous ne sommes pas en perte de vitesse", a souligné Rémi Aufrère-Privel.

La CFDT, a-t-il ajouté sans plus de précisions sur franceinfo, pourrait "faire évoluer [ses] modes d'action si le gouvernement pose tous les sujets sur la table".

Le secrétaire général du syndicat réformiste, Laurent Berger, avait salué vendredi dernier "de premières avancées" dans les discussions avec le gouvernement, notamment sur l'ouverture à la concurrence.

Un négociateur de l'Unsa a fait savoir à Reuters que son syndicat n'avait pas reçu l'ordre du jour de la réunion de mardi.

La réforme ferroviaire a été adoptée mardi dernier à l'Assemblée nationale en première lecture.

L'intersyndicale a décidé jeudi dernier de suspendre sa participation à la concertation avec la ministre des Transports, Elisabeth Borne, demandant à être reçue par le Premier ministre Edouard Philippe. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a rejeté cette requête.

Elle s'offusque notamment d'avoir "appris par la presse" le projet de la filialisation du fret ferroviaire et la fin du recrutement au statut de cheminot au 1er janvier 2020.

La CFDT a confirmé son intention de saisir la justice, comme le rapportait Le Parisien, sur le décompte des jours de grève par la direction de la SNCF, qui considère cette grève par intermittence comme un seul et même débrayage. Les rémunérations des cheminots s'en trouvent affectées.

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)