"Dans l'intérêt du festival de Deauville": l'avocat de l'organisation défend la décision d'écarter Ibrahim Maalouf

Ibrahim Maalouf a été écarté du jury du festival du cinéma américain de Deauville en raison d’un "malaise dans l’équipe". Le trompettiste a été accusé d'agression sexuelle sur mineure, et a été relaxé en 2020.

C'était "dans l'intérêt du festival". Invité de BFMTV ce jeudi 29 août, l'avocat du festival du cinéma américain de Deauville défend la position de la direction générale de l'événement, qui a été écarté du jury le trompettiste Ibrahim Maalouf, relaxé d'une accusation d'agression sexuelle sur mineure en 2020.

"La direction du festival reconnaît et respecte cette décision de relaxe", assure Me Patrick Maisonneuve.

Néanmoins, la décision d'écarter Ibrahim Maalouf du jury s'est faite en raison "d'un risque en ce qui concerne la bonne tenue du festival".

La directrice du festival Aude Hesbert avait expliqué que la présence du trompettiste aurait créé un "malaise dans l'équipe". En effet, selon Patrick Maisonneuve, si "dans un premier temps, la position de la direction générale du festival c'était de dire 'il a été relaxé, on en prend acte'", des voix se sont élevées contre cette présence.

"Il y a un certain nombre de personnes, de personnalités, de critiques qui se sont manifestés", explique l'avocat.

Selon lui, plusieurs personnes ont indiqué que si Ibrahim Maalouf était présent, elles s'en iraient, ou seraient mal à l'aise, ou encore ne lui adresseraient pas la parole et ne participeraient pas à des événements avec lui.

"Ça pouvait feuilletoner, polémiquer sur la présence d'Ibrahim Maalouf: il fallait que la directrice générale prenne une décision pour éviter que le festival soit contaminé par sa présence", résume Patrick Maisonneuve ce jeudi.

Il estime ainsi que cette décision n'est pas une faute, même si "ce n'est pas une solution idéale". Il fallait "que le festival se déroule dans des conditions normales" et la direction a arbitré en ce sens. "Sinon, le festival lui-même serait passé à un second plan", affirme l'avocat.

Patrick Maisonneuve assure, à l'inverse de ce qu'Ibrahim Maalouf, qu'aucun partenaire financier du festival n'a fait pression pour obtenir cette décision et que la direction "ne remet pas en cause la relaxe".

Il évoque également un "contexte" puisque l'ancien directeur général du festival de Deauville avait été écarté pour des accusations de harcèlement sexuel. En outre, l'avocat souligne que si Ibrahim Maalouf a été relaxé pour agression sexuelle sur mineure, les messages échangés avec cette jeune de 14 ans "susceptibles d'être qualifiés de tentative de corruption de mineur" n'entraient pas dans le champ des poursuites.

Sur BFMTV ce lundi, Ibrahim Maalouf s'est dit "scandalisé" par la décision du festival de Deauville. "Tout le monde est scandalisé sauf peut-être une petite minorité de personnes à qui ça fait plaisir, car je représente un peu l'exemple type du gars qui énerve ceux qui veulent absolument que les hommes soient coupables", a-t-il affirmé.

Pour le musicien, le choix de la direction générale est "une énorme bourde". "Jusqu’ici, et c’était déjà grave et regrettable, c’était la présomption d'innocence qui était attaquée. Aujourd’hui, c’est l’innocence avérée qui l’est", a déclaré de son côté Me Fanny Colin, l'avocate du trompettiste.

Elle a poursuivi en annonçant qu'une "action judiciaire civile sera engagée pour faire reconnaître par la justice (...) que la décision de la directrice de festival de Deauville constitue une faute".

Article original publié sur BFMTV.com