L'industrie agrochimique a fiché des centaines de scientifiques et militants jugés «gênants»
Adresse personnelle, valeur de leur logement, hobby, opinion politique, état de santé de leurs proches... Des informations personnelles concernant plus de 500 scientifiques, journalistes, militants écologistes ou experts auprès de l'ONU, jugés « critiques » de l'agriculture intensive, ont été accumulées et partagées sur une plateforme américaine privée, à destination des cadres de l'industrie chimique. Ce fichage, révélé par le média d'investigation Lighthouse Reports, qui s'est associé à plusieurs journaux dont Le Monde, est d'une ampleur inédite.
L'échelle, la précision et le caractère international du fichier, sont inédits, écrit le journal Le Monde. Le journal a participé à l'enquête des « Bonus Eventus files » avec le média d'investigation Lighthouse Reports, qui a obtenu des documents internes d'une plateforme privée baptisée Bonus Eventus. Cette enquête révèle qu'environ 500 scientifiques et militants critiques de l'industrie agrochimique ont été fichés dans une base de données pour « contrer l'opposition aux pesticides », révèlent vendredi plusieurs médias, rappelant le scandale des fichiers Monsanto.
On y trouve aussi deux ex-rapporteurs spéciaux de l'ONU, qui ont proposé en 2017 un traité international pour règlementer et bannir les pesticides dangereux en agriculture, ainsi que deux critiques culinaires du New York Times.