"L'impression que c'est mon premier jour d'école": les premiers pas du nouveau Racingman Siya Kolisi
Douze jours seulement après avoir soulevé pour la deuxième fois d’affilée le trophée Webb Ellis avec les Springboks, Siya Kolisi est de retour aux affaires. Arrivé ce lundi 6 novembre au Racing 92, le troisième ligne s’est entraîné dès mardi, même si Stuart Lancaster souhaitait qu’il se repose encore. Son objectif est simple: placer le club francilien parmi les clubs qui comptent.
"J'ai l'impression que c'est mon premier jour d'école", explique Kolisi tout sourire.
Le double champion du monde semble déjà intégré, "C'est important de se sentir comme à la maison", affirme le joueur. Même s'il note une grosse différence avec sa vie en Afrique du Sud. "Quand tu marches dans la rue, personne ne te reconnaît! Ici, je peux plus profiter et m'occuper de mes enfants, c'est le plus important pour moi. Ça me rend heureux et ça m'aidera à faire de belles choses sur le terrain."
Une première à Paris La Défense Arena le 26 novembre
Il a déjà noué des amitiés avec certains de ses coéquipiers et notamment les internationaux tricolores Gaël Fickou et Cameron Woki, auprès de qui il veut apprendre rapidement le français. Pour l’instant le flanker sud-africain ne connaît que quelques mots en français.
"Bonjour, ça va? Je m'appelle Siya", rigole-t-il.
Il s'est aussi acclimaté à l'ambiance du vestiaire francilien et aux blagues entrent les joueurs. "Je voulais dire que je n'ai toujours pas trouvé le cou de Camille Chat. D'ailleurs il pourrait devenir l'égérie des shampoings 'Head & Shoulders' (littéralement 'la tête et les épaules')."
C'est un autre Français qui l'a fait venir dans les Hauts-de-Seine: Yannick Nyanga, l'ancien troisième ligne du Racing (46 sélections avec les Bleus) à la tête des Espoirs Ciel et Blanc depuis 2022. "On est amis, raconte Nyanga. On a eu la chance de se rencontrer en 2013 pour un France-Afrique du Sud. On était remplaçants tous les deux et on a échangé les maillots à la fin du match. On a commencé à se voir à chaque fois qu'il venait en France. Ces dernières années, sa carrière a explosé et j'ai eu la chance de suivre ça de loin. Quand il a voulu quitter l'Afrique du Sud pour venir en France, il connaissait le club à travers moi. Alors quand le Racing s'est intéressé à lui, il a simplement fallu organiser la rencontre."
Quand Siya Kolisi appelle Jürgen Klopp en FaceTime
Le capitaine des Boks est attendu le 26 novembre à Paris La Défense Arena avec ses coéquipiers - sur le terrain ou en tribunes - pour la réception de La Rochelle (8e journée de Top 14). Il va d’abord prendre des congés et partir à l’étranger avant de vraiment lancer sa saison avec les Ciel et Blanc.
Quand le verra-t-on jouer pour la première fois sous le maillot rayé? Si le troisième ligne dit se sentir frais physiquement, son entraîneur Stuart Lancaster ne veut pas se précipiter. "Il faut d'abord que les joueurs intègrent notre nouveau système de jeu en attaque et en défense. C'est le cas pour Siya mais aussi pour les autres mondialistes comme Juan Imhoff qui est là depuis des années. Siya ne s'entraîne avec nous que depuis deux jours. C'est parfait pour qu'il s'intègre mais il y a encore du chemin pour être performant."
Et Siya Kolisi ne s'arrête jamais. Après son passage au club, ce jeudi, il cherchait un vol pour faire l'aller-retour à Toulouse et voir le match de Ligue Europa entre le TFC et Liverpool, son équipe de cœur. Comme aucun vol ne lui convenait, il a donc tout simplement décidé d'appeler en FaceTime son ami, le coach des Reds Jürgen Klopp, pour lui expliquer qu'il ne pourrait pas venir.
A 32 ans, le joueur compte bien profiter à fond de sa nouvelle vie en France. Et il l'assure, il veut finir sa carrière au Racing 92, lui qui est en contrat jusqu'en 2026. Il veut laisser son empreinte. Pour Yannick Nyanga, "il va forcément passer par la case 'je suis un simple joueur et je dois montrer de quoi je suis capable sur le terrain'. Même si sa réputation de capitaine double champion du monde le précède".
"Les joueurs qui vont jouer avec lui vont être remontés à bloc pour être à la hauteur", prédit-il.
Il se donne six mois pour apprendre le français
Le patron des espoirs Ciel et Blanc a vu l'aura qu'avait son ami en Afrique du Sud. "Dans son pays c'est une icône. En Afrique du Sud, beaucoup de gens souffrent. Siya était du mauvais côté de la barrière, il a grandi dans un township, dans des conditions très très difficiles. Aujourd'hui il a un message de paix, de vivre ensemble. Il a réussi à rassembler une équipe nationale autour d'un projet commun. Celui de rendre fier tout un pays". Au point de lui voir un destin bien au-delà des pelouses du Top 14?
"Il pourrait devenir président d'Afrique du Sud, ça ne m'étonnerait pas", imagine Yannick Nyanga.
En attendant, Siya Kolisi se veut exemplaire. Quand on lui demande s'il compte venir avec le trophée Webb Ellis ou l'une de ses copies pour sa première à Paris La Défense Arena, il prend un air grave. "Non, je ne ferais jamais ça. Je pense que ce serait très irrespectueux de l'afficher ici. Mon but est de soulever le bouclier de Brennus avec le club. J'ai fait la fête au pays, maintenant je me concentre sur la saison au Racing." Et le boss Kolisi le promet: d'ici six mois, on pourra l'interviewer complètement en Français.