Londres accorde un nouveau délai aux partis nord-irlandais

Le gouvernement britannique a accordé aux partis nord-irlandais un délai supplémentaire pour s'entendre sur la formation d'un nouveau gouvernement de partage du pouvoir. /Photo prise le 28 juin 2017/REUTERS/Clodagh Kilcoyne

par Amanda Ferguson BELFAST (Reuters) - Le gouvernement britannique a accordé aux partis nord-irlandais un délai supplémentaire pour s'entendre sur la formation d'un nouveau gouvernement de partage du pouvoir, a annoncé jeudi la porte-parole de Theresa May. Le gouvernement a fait cette annonce peu avant l'expiration, à 15h00 GMT, de l'ultimatum qu'il avait fixé aux unionistes, partisans du maintien dans le Royaume-Uni, et aux nationalistes, favorables au rattachement à la République d'Irlande, pour conclure un accord. "De notre point de vue, cela ne signifie pas que les efforts visant à rétablir un gouvernement (autonome) ont pris fin. Nous accordons aux partis un peu de marge de manoeuvre pour poursuivre les discussions", a déclaré la porte-parole de Theresa May. La province d'Ulster n'a plus d'exécutif autonome depuis l'éclatement du gouvernement en janvier. Cette alliance de gouvernement entre le Parti unioniste démocrate (DUP) et les nationalistes du Sinn Féin est une obligation prévue par les accords de paix d'avril 1998. A défaut, le pouvoir exécutif "dévolu" à Belfast est suspendu et Londres reprend l'administration directe ("direct rule") de la province. Le cas de figure ne s'est plus produit depuis la période 2002-2007. Le gouvernement de Theresa May paraît déterminé à se donner toutes les chances d'éviter une telle issue, d'autant qu'elle pourrait compliquer les négociations entre Londres et l'Union européenne en vue du Brexit, pendant lesquelles le futur statut de l'Irlande du Nord s'annonce déjà comme un point de friction important. La porte-parole de Theresa May a indiqué que le ministre britannique chargé de l'Irlande du Nord, James Brokenshire, s'exprimerait lundi si les discussions sont toujours dans l'impasse. L'IRLANDAIS, LANGUE OFFICIELLE? "Nous estimons que de gros progrès ont été réalisés. Nous pensons qu'une solution peut être trouvée et nous appelons les partis à tout faire pour y parvenir et à continuer à discuter pendant quelques jours", a-t-elle dit. Peu auparavant, un représentant du DUP avait acté le fait qu'un accord ne serait pas conclu avant la fin de l'ultimatum, le quatrième fixé par Londres depuis les élections législatives anticipées du mois de mars en Ulster, qui n'ont pas modifié le rapport de forces. "Il n'y aura pas de percée aujourd'hui", a déclaré Edwin Poots, un élu au parlement nord-irlandais. "Nous pouvons y parvenir en quelques jours, mais cela ne dépend pas de nous... Les discussions se poursuivent." Les discussions ont été gelées jusqu'au début de cette semaine par les négociations engagées parallèlement au niveau national entre Theresa May et le DUP, qui ont abouti à une majorité au Parlement de Westminster. Elles achoppent notamment sur la demande du Sinn Féin d'accorder à l'irlandais le statut de langue officielle dans la province, au même titre que l'anglais. "Nous sommes confrontés à un programme anti-égalité et anti-droits (civiques)", a commenté Conor Murphy, un élu nationaliste à l'assemblée autonome, à propos des négociations avec le DUP. "Nous essayons de surmonter cela, mais nous n'y sommes pas encore parvenus." Les gouvernements britannique et irlandais, garants des accords de 1998, ont tenté de faciliter la recherche d'un compromis, soulignant qu'un échec aurait des implications "profondes et graves" et qu'il entraverait la capacité de l'Irlande du Nord à peser sur les négociations du Brexit. Mais ni l'implication de James Brokenshire, ni celle du ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, n'ont fait pencher la balance jusqu'à présent. (Avec Elizabeth Piper à Londres; Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)