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Limiter l'entrée aux urgences des hôpitaux? À Cherbourg, c'est déjà fait

HÔPITAL - Si Cherbourg est surtout connue pour ses températures (basses), la ville le sera désormais peut-être pour avoir initié la régulation des urgences. C’est depuis cette ville qu’Emmanuel Macron avait initié le 31 mai une “mission flash” destinée à diagnostiquer les problèmes du secteur hospitalier et à y apporter des solutions.

Un mois plus tard, la Première ministre Elisabeth Bone a confirmé que les 41 mesures du rapport du docteur François Braun seront proposées comme “une caisse à outils” à disposition des agences régionales de santé. Parmi elles, une, inspirée de l’hôpital Pasteur de Cherbourg-en-Cotentin, consiste à limiter l’accès aux urgences aux “vraies urgences”.

Pour les déterminer, entre 15h et 8h30 du matin, avant de vous rendre au service d’urgence de l’hôpital cherbourgeois, il est nécessaire d’appeler le Samu. Un agent régulateur oriente ensuite l’appelant vers un médecin qui lui-même décidera de la nécessité d’une admission aux urgences. Idée qui a donc guidé le chef de l’État dans sa quête d’un hôpital désengorgé. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, nous sommes donc allés dans la cité normande où cette régulation existe depuis janvier 2022 pour voir comment cela fonctionne et comme la mesure est accueillie par la population.

“Les gens ne viennent pas aux urgences pour rien”

“Les patients ne viennent pas pour rien aux urgences, certains d’entre eux pâtissent d’un manque de médecins libéraux susceptibles de pouvoir répondre à leurs interrogations”, estime Sylvie Meriel, infirmière à l’hôpital cherbourgeois et porte-parole du syndicat FO.

D’autant que selon la syndicaliste, la régulation n’a permis de réduire les admissions aux urgences que de 130 à 115 entrées quotidiennes. Pas suffisant pour justifier une telle mesure. Même avis pour Rémi Besselièvre, président de l’Association des usages de l’hôpital public de Cotentin qui estime que ”ça signifie que ce sont autant de personnes que l’on a laissées sans soin”. Pour lui, cette “mission flash” est un échec.

L’association qu’il préside avait rendez-vous ce vendredi 1er juillet avec le maire de Cherbourg-en-Cotentin et la directrice de l’hôpital Séverine Karrer qui a refusé toute interview au HuffPost. Au programme de la discussion, la régulation justement qui concentre les crispations des uns et des autres. Le maire Benoît Arrivé (PS) a lui même reconnu qu’il ne s’agissait que d’une solution provisoire; le vrai remède étant “un plan Marshall à grande échelle capable de soutenir tous les acteurs”.

Les médecins libéraux sollicités mais favorables

Le vice président de l’union régionale des médecins libéraux, le docteur Philippe Cholet émet pour sa part un avis positif sur la mesure mise en place à l’hôpital Pasteur: “Est-ce choquant de dire que les urgences doivent être prises aux urgences? La rhinopharyngite n’a rien à y faire par exemple. Quant aux effectifs mobilisés dans le libéral pour assurer la régulation, il s’agit d’une question de solidarité.”

Le rapport recommande par ailleurs de rémunérer les médecins de ville régulateurs à hauteur de 100euros brut/heure, une somme censée couvrir une moyenne de 4 consultations à hauteur de 25 euros lorsque le médecin officie auprès de sa patientèle.

Pour syndicats et associations cependant, la sollicitation des médecins libéraux pour la régulation des urgences ne fera “qu’augmenter les délais de rendez-vous déjà importants pour les patients des médecins de ville”.

À voir également sur Le HuffPost: Ces soignants en ont marre du bla-bla face à la crise de l’hôpital

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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