Lille, Nice, Sorbonne... Des "universités en danger" se mobilisent ce mardi pour alerter sur leur situation budgétaire

Les présidents d'établissements d'enseignement supérieur organisent ce mardi 3 décembre une journée de mobilisation pour alerter sur leurs "grandes difficultés" budgétaires, regrettant "l'absence de réponse concrète" du gouvernement.

"Universités en danger". Les sites internet de nombreuses universités françaises arborent ces trois mots, en lettre rouge et noire ce mardi 3 décembre. Un slogan qui vise à alerter sur les "grandes difficultés" budgétaires que rencontrent les universités. Pour "tirer la sonnette d'alarme", les présidents d'établissements d'enseignement supérieur, réunis au sein de France Universités, organisent une journée de mobilisation ce mardi.

"Le 3 décembre marque une étape importante de la mobilisation des universités françaises, qui rencontrent de grandes difficultés pour construire leur budget 2025", indiquent les présidents d'universités dans un communiqué, pour qui cette journée d'actions aux formes variées doit permettre une "prise de conscience de la réalité de la situation".

L'université de Lille prévient sur X qu'il "n'y aura pas de cours", que les bibliothèques universitaires seront fermées tout comme les sites administratifs.

Les 32.000 étudiants des différents campus de l'Université Côte d'Azur, que ce soit à Nice, à Cannes, Menton ou Toulon, n'auront pas cours non plus, rapporte France Bleu Azur.

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L'Université de Reims-Champagne-Ardenne a de son côté lancé une pétition rappelant "l'impératif d'agir immédiatement car les universités sont au bord de la rupture". La présidente de Sorbonne Université, à Paris, Nathalie Drach-Temam, a quant à elle annoncé se mobiliser à 14 heures "afin d'alerter l'opinion publique sur l'urgence de la situation".

Les présidents d'établissements d'enseignement supérieur regrettent "l'absence de réponse concrète" du gouvernement face aux difficultés qu'ils exposent. Les dirigeants s'étaient inquiétés dès septembre de la situation financière des universités, prévenant que nombre d'entre elles pourraient être en déficit, avec des répercussions sur leur fonctionnement.

Une délégation de présidents s'était rendue au ministère le 21 novembre pour "faire part de leur inquiétude" sur le budget, déplorant qu'on leur demande "de faire plus avec de moins en moins". Ils avaient demandé notamment que l'État renonce à faire peser sur leurs institutions un prélèvement supplémentaire pour un fonds de solidarité lié au régime de retraite des fonctionnaires.

Le projet de loi de finance 2025, "toujours plus contraint", précipite "l'ensemble des universités dans une situation extrêmement grave d'un point de vue financier", déplorent-ils.

"Sans réponse" du gouvernement, les universités "seront amenées, pour certaines en urgence, à prendre des mesures de réduction de leurs activités", préviennent-ils.

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Certaines universités seront "en incapacité de payer les salaires de leur personnel", affirme un communiqué de l'université d'Évry. Certaines formations pourraient être supprimées, les capacités d'accueil à l'admission en licence ou en master réduites, des campus universitaires fermés, des doctorants non-recrutés, des postes gelés, des investissements reportés, la qualité des services réduite également...

"Je suis en train de regarder avec chacune des directions de composante les formations qui n’ont pas atteint le nombre minimal d’étudiants, soit 20 pour une licence, 12 pour un master et 15 pour une licence professionnelle. Certaines fermeront de manière temporaire, d’autres parcours devront fusionner", explique le président de l’université de Reims-Champagne-Ardenne, Christophe Clément, dans les colonnes du Monde.

La seule réponse du ministère se résume à renvoyer l'ensemble des universités à leur trésorerie cumulée", dont "on sait pertinemment que ce n'est pas de l'argent qui dort" et qui ne peut être réorienté "sur des dépenses courantes", ajoutent les présidents d'établissements d'enseignement supérieur.

"Augmenter les frais d'inscription est une autre option qui romprait les principes d'égalité d'accès au service public de l'enseignement supérieur", s'inquiète l'université de Reims-Champagne-Ardenne dans son communiqué.

Le bureau de France Universités indique avoir "adressé une lettre au Premier ministre", Michel Barnier, "pour l'alerter sur la situation critique des universités". Il lui demande désormais "un arbitrage personnel" pour que "l’université française puisse répondre à l’ambition du pays", précise Le Monde, qui s'est procuré cette lettre. France Universités appelle le gouvernement agir "pour l'avenir de notre jeunesse et de notre pays".

Article original publié sur BFMTV.com