Ligue 1: schéma, gestion du groupe, apport des recrues… les chantiers qui attendent l’OM et Marcelino
Les supporters n’ont pas attendu la première défaite de la saison en championnat pour exprimer leur mécontentement. Alors que l’Olympique de Marseille est toujours invaincu en Ligue 1 après cinq journées disputées (2 victoires, 3 nuls), le spectacle aperçu dimanche en fin d’après-midi face à Toulouse (0-0) a poussé une partie du Vélodrome à copieusement siffler les Phocéens.
La saison ne fait que commencer et l’OM, quatrième du championnat à seulement deux points du leader monégasque, est complètement dans les clous d’un point de vue comptable. Mais la période charnière qui s’annonce, avec trois déplacements à l’Ajax d’Amsterdam (1ère journée de Ligue Europa, jeudi à 21h), au Paris Saint-Germain (6e journée de Ligue 1, dimanche à 20h45) puis à Monaco (7e journée de Ligue 1, samedi 30 septembre à 21h) pousse à s’interroger sur les défis qui se proposent au club phocéen. Et ils sont nombreux.
Marcelino doit trouver son système…
Comme bien souvent lorsqu’une machine ne tourne pas à plein régime, les regards se tournent vers le banc. Depuis le début de la saison, Marcelino cristallise la plupart des crispations. Pour l’heure, difficile de voir la patte du technicien espagnol, proche de longue date de Pablo Longoria, sur le jeu marseillais. Habitués à Igor Tudor et à son football parfois déséquilibré mais rarement ennuyant lors de la saison 2022-2023, les supporters marseillais n’ont pour l’instant pas grand-chose à se mettre sous la dent. "Il y a une discussion sur son système, qui semble un peu âgé et sans surprise pour l'adversaire, facilement identifiable, résumait Eric Di Meco sur RMC début septembre après le match nul en supériorité numérique face à Nantes (1-1, 4e journée de Ligue 1). Ça ne fait pas rêver, je m'ennuie devant les matchs de l'OM. Les supporters s'ennuient. On ne comprend pas trop ce qu'il veut faire."
Entre un manque de mouvements évident, une formation jugée trop prudente (voire inoffensive) et une défense qui cherche encore ses repères , le 4-4-2 de Marcelino peine à convaincre. Jusqu’au principal intéressé. "Qu’est-ce que je peux dire à ces supporters qui s’ennuient un peu? Eh bien que moi aussi, parfois, je m'ennuie un peu, a concédé l’ancien coach de Valence ou de Villarreal en conférence de presse avant la réception de Toulouse. Je n’aime pas et je ne veux pas m’ennuyer. On ne veut pas que les fans s’ennuient. On est conscient qu’on doit s’améliorer."
Questionné sur la possibilité, à l’avenir, de renforcer son milieu de terrain, Marcelino avait déjà assuré, entre les deux matchs éliminatoires en Ligue des champions face au Panathinaïkos, qu’il n’était pas fermé à l’idée de mettre de côté son 4-4-2 en certaines occasions. Comme expliqué par RMC Sport il y a quelques jours, l'entraîneur espagnol voulait du temps pour l’anticiper et le travailler. Il souhaitait aussi attendre la fin du mercato pour évaluer les forces de son effectif et envisager, éventuellement, une évolution tactique. Cette réflexion existe en interne et le staff olympien a profité de la pause internationale pour l’initier. Reste désormais à savoir si la performance de dimanche va l’accélérer.
…et justifier certains choix pour ne pas cristalliser les tensions
En dehors de ces considérations tactiques, Marcelino est également face à des défis plus globaux en termes de gestion de son groupe. L’utilisation d’Azzedine Ounahi, qui n’est plus apparu une seule seconde en Ligue 1 depuis la première journée et son but face à Reims, interroge. La situation de l’international marocain de 23 ans découle directement de l’incertitude autour du schéma de jeu, l’ancien Angevin étant bien plus à l’aise dans un rôle de milieu axial ou de relayeur plutôt que sur un côté, comme ce fût le cas (à gauche) au mois d’août. Pour Ounahi, un passage en 4-3-3 ou en 4-2-3-1 pourrait donc être salvateur.
"Je n’ai aucun problème avec lui, mais je dois faire des choix, choisir des joueurs, justifie l'entraîneur marseillais. Je mets toujours sur le terrain les joueurs qui pourront être compétitifs, ceux qui s’entraînent le mieux, a tout de même prévenu Marcelino dimanche dans une sortie qui laisse entendre que la faible utilisation d’Ounahi n’est peut-être pas seulement dictée par le système de jeu. Ce qu’il doit faire, c’est continuer à faire les efforts à l’entraînement chaque jour pour nous convaincre et montrer qu’il peut être un joueur de plus à utiliser en match."
Dans sa communication et ses choix, justement, Marcelino a suscité quelques incompréhensions - pour ne pas dire un peu d’agacement - dans les rangs des supporters olympiens. Face à Nantes, son coaching, avec un seul changement durant toute la rencontre alors que son équipe ne parvenait pas à bousculer des Canaris réduits à 10 après seulement 9 minutes, n’a pas été compris. Pas plus que ses explications à l’issue de la rencontre: "On voulait pousser, je pensais qu’on pouvait gagner comme ça et finalement on n’a pas réussi", s’était-il contenté de commenter. Même si l’OM est dans le bon wagon en Ligue 1, l’élimination au 3e préliminaire de la Ligue des champions contre le Panathinaïkos a déjà entamé une partie de la patience des supporters envers le technicien espagnol, pour qui tout l’enjeu est désormais de trouver les solutions qui lui échappent depuis le début de la saison.
Des recrues qui peinent à se mettre en route
Jugé prometteur sur le papier, le mercato marseillais peine encore à confirmer les espoirs placés en lui. Depuis le début de la saison, seule deux recrues semblent avoir pleinement convaincu: Renan Lodi, déjà devenu indispensable pour son activité dans le couloir gauche de la défense, et Ismaïla Sarr, qui a su s’mposer sur l’aile droite du 4-4-2 de Marcelino… avant de se blesser aux ischios-jambiers avec le Sénégal et d’être indisponible au moins jusqu’au déplacement sur la pelouse du PSG dimanche.
Pour des motifs divers et variés, des réserves peuvent pour l’instant être émises sur les autres recrues olympiennes. Auteur d’un doublé au match retour contre le Panathinaïkos dans une rencontre qui semblait définitivement lancer son aventure à l’OM, Pierre-Emerick Aubameyang n’a pas réussi à enchaîner. Pire: il donne même l’impression de s’effacer un peu plus à chaque rencontre. Bon à Metz trois jours après le Pana (2-2, 2e journée de Ligue 1), il a ensuite déçu face à Brest, Nantes et Toulouse. En partie victime des difficultés offensives de son équipe, marquer des buts étant toujours plus facile quand le ballon arrive, l’ancien attaquant du Borussia Dortmund et d’Arsenal n’arrive pour l’instant pas à tirer l’équipe vers le haut.
Iliman Ndiaye, de son côté, a déjà pu montrer l’étendue de son talent sur plusieurs séquences. L'international sénégalais, qui a pris part à toutes les rencontres disputées par l’OM cette saison (cinq titularisations), a prouvé qu’il pouvait faire des différences. Mais son faible bilan statistique (une passe décisive, aucun but) est forcément insuffisant pour un attaquant et l’ancien joueur des Sheffield est attendu plus décisif dans l’avant-dernier et dernier geste. En attaque, ses débuts à l’OM sont en tout cas plus encourageants que ceux de Joaquin Correa, qui n’a pour l’instant pas montré grand-chose sur ses deux premières rencontres (Nantes puis Toulouse), démarrées à chaque fois dans le onze.
Enfin, attendu comme un patron au milieu de terrain, Geoffrey Kondogbia n’a pas eu le temps de prendre ses marques. Suspendu pour le match retour face au Panathinaikos après avoir été expulsé à l’aller, il a ensuite manqué les matchs face à Brest puis Nantes à cause d’une blessure au genou. Rentré pour jouer 25 minutes contre Toulouse dimanche afin de reprendre du rythme, l'expérimenté milieu (30 ans, 30 matchs de Ligue des champions au compteur) va de nouveau prétendre à une place de titulaire dans l’entrejeu pour les grosses échéances qui attendent l’OM. Une aubaine pour Marcelino et son équipe en cruel manque de repères ?