Les liens douteux d’un célèbre journaliste allemand avec un oligarque russe
En Allemagne, la renommée d’Hubert Seipel est incontestable. Le “journaliste, réalisateur et essayiste multiprimé” est régulièrement invité par les chaînes de télévision, où il passe pour “l’un des plus fins connaisseurs de la Russie de Vladimir Poutine”. Der Spiegel lui-même l’a interviewé à plusieurs reprises. Après tout, le journaliste a commencé sa carrière en écrivant pour l’hebdomadaire de Hambourg.
Mais des documents confidentiels analysés par le journal allemand, en partenariat avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dans le cadre de l’enquête “Cyprus Confidential”, donnent à penser qu’il serait également “à la solde de Moscou”.
Ces fichiers, issus des fuites de données de cabinets financiers chypriotes, montrent que Seipel a reçu en 2013 et 2018 un “soutien financier” de plusieurs centaines de milliers d’euros pour l’écriture de deux de ses livres sur la Russie. L’argent provenait de sociétés offshore liées à un proche de Vladimir Poutine frappé par les sanctions occidentales : l’oligarque russe Alexeï Mordachov.
La “vision politique” de Moscou
“On peut facilement comprendre pourquoi Hubert Seipel a été payé”, reprend Der Spiegel. Grâce à son statut d’expert, il pouvait défendre publiquement la “vision politique” de Moscou. Le septuagénaire a d’ailleurs longtemps émis des doutes sur l’implication du Kremlin dans l’empoisonnement au Novitchok de l’opposant russe Alexeï Navalny. En janvier 2022, juste avant l’invasion russe de l’Ukraine, il dénonçait encore l’“hystérie” de ceux qui craignaient une attaque imminente.
Comme le rappelle l’hebdomadaire, Hubert Seipel avait déjà été interrogé sur les ondes de la radio SWR1 sur ses liens financiers avec la Russie, lors d’une “interview mémorable” menée en 2021 dans laquelle on lui avait demandé s’il “touchait des honoraires venus de Russie”. Il s’était alors insurgé contre une telle accusation, qui mettait en doute son intégrité journalistique.
Désormais, le septuagénaire “admet avoir reçu de l’argent lié à Alexeï Mordachov”, mais uniquement dans le cadre du parrainage de son activité d’écrivain. Il rappelle par ailleurs qu’une clause du contrat qui le lie à différentes sociétés offshore précise qu’il n’a “aucune obligation [envers ses bienfaiteurs] s’agissant du contenu ou de la composition” des ouvrages financés.
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