L'idée de "hotspots" pour migrants divise les Européens

LUXEMBOURG (Reuters) - Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Luxembourg pour évoquer la crise des migrants, ont envisagé samedi la création de centres d'accueil pour réfugiés hors de l'Union, mais Federica Mogherini, porte-parole de la diplomatie européenne, s'est montrée très réservée. Enregistrer les demandes d'asile directement au Proche-Orient ou en Afrique pourrait convaincre les candidats au départ de ne pas tenter la dangereuse traversée de la Méditerranée. Donald Tusk, président du Conseil européen, s'est prononcé pour la création de tels centres, baptisés "hotspots", qui pourraient voir le jour à proximité de zones de guerre "hors d'Europe, où des camps de réfugiés existent déjà". Federica Mogherini ne partage pas cet avis. "Nous ne pouvons pas déstabiliser des pays déjà confrontés à d'énormes défis avec les camps et les réfugiés (...) et cela demanderait d'énormes ressources de notre part", a-t-elle souligné lors d'une conférence de presse. "Il faudrait garantir à 100% aux pays dans lesquels ils pourraient être installés que ceux qui ont droit à l'asile l'obtiendront dans l'Union européenne", a-t-elle ajouté. Les ministres européens des Affaires étrangères avaient auparavant reçu leur homologue turc, Feridun Sinirlioglu, dont le pays a accueilli près de deux millions de réfugiés syriens. A Ankara, où se tenait une réunion du G20, le ministre britannique des Finances, George Osborne, a déclaré que la Grande-Bretagne et l'Europe devaient trouver le moyen de régler la crise migratoire tout en accordant l'asile aux réfugiés qui fuient vraiment les persécutions. "Nous devons nous occuper de ce problème à la source -- je parle du régime néfaste d'Assad et des terroristes de l'Etat islamique. Il faut un plan général pour avoir une Syrie plus stable et pacifique", a-t-il dit à Reuters. "C'est un énorme défi, évidemment, mais on ne peut pas laisser cette crise s'étendre." "Il faut accorder l'asile à ceux qui fuient vraiment les persécutions. Des pays comme la Grande-Bretagne l'ont toujours fait et nous comptons d'ailleurs parmi les fondateurs du droit d'asile. Comme le Premier ministre (David Cameron) l'a dit, nous allons accueillir des milliers de réfugiés supplémentaires." "Mais dans le même temps nous devons nous assurer que l'aide arrive dans les camps de réfugiés à la frontière (des zones de conflit)... Nous devons vaincre les bandes criminelles (de passeurs) qui font commerce de la misère humaine, mettent en danger des vies et tuent des gens", a souligné le ministre britannique. (Robin Emmott et Francesco Guarascio, avec Nick Tattersall à Ankara, Jean-Philippe Lefief et Guy Kerivel pour le service français)