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Libye: Paris dément avoir bloqué une communication de l'UE

La France a démenti jeudi avoir bloqué la publication d'un communiqué de l'Union européenne demandant au maréchal Khalifa Haftar de stopper son offensive militaire en direction de la capitale Tripoli. /Photo d'archives/REUTERS/Esam Omran Al-Fetori

BRUXELLES/PARIS (Reuters) - La France a démenti jeudi avoir bloqué la publication d'un communiqué de l'Union européenne demandant au maréchal Khalifa Haftar, dont les forces tiennent l'est de la Libye, de stopper son offensive militaire en direction de la capitale Tripoli.

Consulté par Reuters, le projet de communiqué stipulait que l'offensive de l'Armée nationale libyenne (ANL) d'Haftar "menaçait la population civile, perturbait le processus politique et pourrait provoquer une escalade des tensions avec de sérieuses conséquences pour la Libye et la région dans son ensemble, notamment une menace terroriste".

Selon plusieurs sources diplomatiques, la France s'y serait opposée via un processus qui permet à chaque Etat membre de l'UE de formuler des objections. L'Union européenne va désormais s'atteler à la rédaction d'un nouveau projet de communiqué, en espérant parvenir à un consensus.

"C'est une fausse allégation", a réagi la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères lors d'un point presse électronique. "La France a demandé que ce texte soit renforcé sur trois points essentiels pour l’Union européenne".

La porte-parole du Quai d'Orsay a cité "la situation des migrants, l’implication dans les combats de certains groupes et personnes sous sanctions des Nations unies pour activités terroristes, et enfin la nécessité de parvenir à une solution politique sous l’autorité des Nations unies conformément aux engagements pris par les parties libyennes à Paris, Palerme et Abou Dhabi."

DIVERGENCES ENTRE PARIS ET ROME

La résolution de la crise politique et sécuritaire en Libye, plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, est source de divergences entre membres de l'Union européenne et de crispations récurrentes entre la France et l'Italie, ancienne puissance coloniale.

L'offensive surprise du maréchal Haftar, qui a fait selon l'Onu plusieurs milliers de déplacés, a fait ressurgir ces lignes de fractures et ravivé les critiques contre Paris, qui comme Le Caire et Abou Dhabi, est accusé de soutenir l'homme fort de l'Est libyen.

Réagissant aux informations faisant état d'un blocage français, le vice-président du Conseil italien et ministre de l'Intérieur Matteo Salvini a estimé que ce serait "très grave" si Paris "pour des raisons économiques ou commerciales, bloquait une initiative européenne visant à rétablir la paix en Libye et si elle soutenait un parti qui combat".

Déplorant les divergences sur la Libye, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a exhorté mercredi les pays de l'Union européenne à parler d'une seule voix.

Paris et Rome ont des "intérêts divergents" dans ce dossier, or "nous avons besoin de plus d'unité, nous avons besoin de parler d'une seule voix en tant qu'Européens, mais malheureusement, les Européens sont divisés sur ce dossier", a-t-il déclaré.

(Gabriela Baczynska et Francesco Guarascio à Bruxelles, John Irish et Marine Pennetier à Paris, et Giselda Vagnoni à Rome, édité par Yves Clarisse)