En Libye, la chasse aux livres accusés d’«invasion culturelle»

Le Premier ministre libyen (non reconnu par la communauté internationale), Abdullah al-Thani, à Moscou en 2015.

Les intellectuels libyens s’indignent de la confiscation de dizaines d’ouvrages dans l’est du pays.

«Ceux qui lisent beaucoup de livres sont comme des mangeurs de haschisch. Ils vivent dans un rêve. Le poison subtil qui pénètre leur cerveau les rend insensibles au monde réel et les jette en proie à des fantômes terribles ou charmants.» Les policiers libyens d’Al-Marj, dans l’est du pays, ont-ils pris Anatole France au pied de la lettre ? La semaine dernière, ils ont confisqué une cargaison de livres dans un camion qui effectuait le trajet Tobrouk-Benghazi. Une centaine d’écrivains et d’intellectuels libyens ont signé un communiqué de protestation, lundi, après la diffusion de la vidéo de la saisie.

Sorcellerie

Les ouvrages, en arabe, étaient importés d’Egypte. Parmi eux, des livres du philosophe Friedrich Nietzsche, de l’écrivain brésilien Paulo Coelho, du romancier américain Dan Brown ou de l’Egyptien Najib Mahfouz, prix Nobel de littérature 1988. Dans la vidéo, un responsable de la sécurité et des religieux de la ville dénoncent une «invasion culturelle» via des écrits sur le chiisme, le christianisme ou la sorcellerie et des passages érotiques «contraires» aux valeurs islamiques. De quoi faire bondir Paulo Coehlo, qui dit avoir contacté l’ambassade du Brésil : «Même s’ils ne peuvent pas faire grand-chose, je ne peux pas rester assis et regarder mes livres brûler.»

Contacting the Brazilian embassy. There’s little they can do but I can’t just sit and watch my books being burned https://t.co/7s6FnWwMlz

— Paulo Coelho (@paulocoelho) 23 janvier 2017

Selon le porte-parole de l’autoproclamée armée nationale libyenne, l’opération est le fait de la police – rattachée au gouvernement d’Abdallah al-Thani, non reconnu par la communauté internationale – et pas des troupes du général Khalifa Haftar : «Des titres paraissaient étranges et ont alerté les policiers. Certains livres avaient une étoile de David. J’imagine que les hommes au barrage ont eu des raisons de suspecter que (...)

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