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Libye : le chaos

Des hommes des forces progouvernementales dans le quartier d’Ain Zara, à Tripoli, le 20 avril.

Alors que la chute de Kadhafi annonçait des lendemains qui chantent, huit ans après, la mission de l’ONU a échoué et le pays est encore fracturé

Sur la route esquintée, les moteurs des voitures de luxe ronflent parmi les vieux tacots. Las d’attendre, un automobiliste grimpe sur le trottoir et slalome entre des réverbères tordus. Dans ce décor d’immeubles en béton, de boutiques en construction et de baraques à kebabs, un gaillard aux yeux clairs, au volant de sa vieille voiture, tapote sur son portable ; ses enceintes crachent un titre de Led Zeppelin. Il arbore une longue barbe bien peignée, celle des trentenaires des quartiers branchés occidentaux. C’est un « hipster », pas un salafiste. Ici aussi, la nuance se joue à quelques poils près. Quand les groupes djihadistes faisaient la loi dans la ville, cloîtré chez lui, Ahmed apprenait l’anglais en visionnant des shows de stand-up américains sur YouTube. « Depuis que je suis né, je n’ai jamais rien compris à ce qu’il se passait dans ce pays. Mais le pire, c’était pendant la guerre, quand les voitures explosaient dans les rues. A 17 heures, il n’y avait plus personne. » A en croire le trafic, ça a bien changé depuis lors.

C’est avec l’assassinat de Christopher Stevens, l’ambassadeur américain, en septembre 2012, que la guerre est arrivée à Benghazi. L’année suivante, les milices islamistes, soutenues par le Qatar et la Turquie, prennent le pouvoir à Tripoli, 1 000 kilomètres plus loin. Et les Occidentaux rapatrient leurs ressortissants, laissant la Libye devenir un terrain de guerre aux mains des puissances régionales. Dans l’Ouest, les islamistes proches des Frères musulmans contrôlent un vaste territoire et, surtout, les trois institutions clés du pays : la banque centrale à Tripoli, la Noc (société nationale pétrolière) et les trois fonds souverains.

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