Libye : à Derna, après la catastrophe, la répression
« Derna réduite au silence par les autorités », titre Middle East Eye. Une coupure totale des communications et une série d’arrestations ont suivi la manifestation qui a eu lieu le 18 septembre dernier dans la ville ravagée par les inondations provoquées par la rupture de deux barrages. Des slogans hostiles aux autorités locales avaient été scandés par des habitants en colère.
« Les habitants de Derna se sont rassemblés lundi pour protester sur la place Sahaba et ont dénoncé les responsables, les accusant d’être responsables du désastre. Certains ont même incendié une maison qui appartiendrait au maire non élu de Derna, qui est également le neveu du puissant président du Parlement, Aguila Saleh. Depuis, la répression a commencé. »
Selon Abdelgader Legnain, un journaliste canadien originaire de Benghazi, dans l’est du pays, une vingtaine de personnes ont été arrêtées, la place Sahaba a été blouclée par les soldats des Forces armées arabes libyennes (LAAF), la coalition de milices dirigée par Khalifa Haftar, et la plupart des journalistes étrangers ont été appelés à quitter la ville.
Emadeddin Badi, un observateur du think tank américain Atlantic Council, présent sur place, a immédiatement averti sur X (anciennement Twitter) que les habitants de Derna étaient « réduits au silence ». « Les habitants sont terrifiés par l’imminence d’une répression militaire », alertait également sur X Tarek Megrisi, expert du Maghreb au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR).
De son côté, Amnesty International a appelé les LAAF à lever toutes les restrictions injustifiées imposées aux médias et à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à toutes les communautés.
« Au lieu de se concentrer sur la facilitation de l’accès humanitaire à toutes les communautés affectées, LAAF a recours une fois de plus à son mécanisme de répression bien rodé pour faire taire les critiques, museler la société civile et échapper à ses responsabilités », a notamment déclaré dans un communiqué Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
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