La liberté d'instruction est-elle enterrée ?

Photo de l'école Jacques Decour, à Montataire dans l'Oise.
Photo de l'école Jacques Decour, à Montataire dans l'Oise.

« J'ai pris une décision sans doute l'une des plus radicales depuis les lois de 1882 et celles assurant la mixité scolaire entre garçons et filles en 1969 », annonçait Emmanuel Macron en préambule d'une annonce fracassante, vendredi dernier. Et pour cause : en limitant strictement l'instruction scolaire à domicile, « notamment aux impératifs de santé », et ce dès 3 ans, à partir de la rentrée 2021, le chef de l'État limite la liberté de choix du mode d'éducation actuellement en vigueur en France. Car c'est bien l'instruction qui est obligatoire en France de 3 à 18 ans, et non la scolarisation.

« Depuis la troisième République, aucun président n'avait pris une telle décision, car le compromis de choix entre l'école publique, privée [laïque ou religieuse] ou l'enseignement à domicile contentait tout le monde? À commencer par les classes dirigeantes, dans lesquelles c'était souvent la mère de famille ou la gouvernante qui assurait l'instruction des enfants », note Claude Lelièvre, historien de l'Éducation. Et de préciser : « Cela dure même depuis? Danton ! » explique-t-il, rappelant que le jacobin s'était exprimé lors de la présentation du plan d'éducation de Saint-Fargeau en 1793 devant la Convention en énonçant ce principe fort : « Allons donc à l'instruction commune ; tout se rétrécit dans l'éducation domestique, tout s'agrandit dans l'éducation commune. Mon fils ne m'appartient pas, il est à la République ; c'est à elle à lui dicter ses devoirs pour qu'il [...] Lire la suite