Liban : près d’un million de personnes déplacées, une semaine après l’intensification des frappes israéliennes

Des habitants fuyant les bombes israéliennes arrivent au poste fondtière entre le Liban et la Syrie, à Jdeidat Yabus, le 25 septembre 2024.
LOUAI BESHARA / AFP Des habitants fuyant les bombes israéliennes arrivent au poste fondtière entre le Liban et la Syrie, à Jdeidat Yabus, le 25 septembre 2024.

INTERNATIONAL - L’exode. Après six jours de frappes massives sur le Liban, la population des zones ciblées par Israël n’a d’autre choix que de fuir. Résultat : il y aurait désormais près d’un million de personnes déplacées dans le pays, comme l’a indiqué ce dimanche 29 septembre le Premier ministre libanais Najib Mikati. Il s’agirait, selon lui, du « plus grand déplacement de population de l’histoire du Liban ».

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« Le nombre est très important et pourrait atteindre un million de personnes », a-t-il tristement annoncé lors d’une conférence de presse. Cela représenterait un sixième de la population totale du Liban, et surtout un risque majeur pour l’équilibre du pays, partagé entre plusieurs communautés (sunnites, chrétiens maronites, chiites et druzes notamment).

Une aide d’urgence de l’ONU

Pour l’heure, le bilan loin d’être définitif, d’autant que les bombardements israéliens se poursuivent ce dimanche, mais vient confirmer les craintes sur l’impact sans précédent des frappes israéliennes, qui ont pour but de réduire à néant le Hezbollah. La Deutsche Welle évoquait dès samedi près d’un demi-million de personnes déplacées au Liban « en moins de cinq jours », mais le fait que le million de déplacés sur le territoire libanais soit prochainement dépassé avait déjà été évoqué le jour même auprès de Reuters par Nasser Yassine, responsable de la cellule de crise du gouvernement libanais.

En réponse, le Programme alimentaire mondial (PAM) géré par l’ONU a annoncé ce dimanche le lancement d’une opération d’urgence pour fournir une aide alimentaire à un million de personnes affectées par la récente escalade du conflit au Liban. Le PAM va « distribuer des rations alimentaires, du pain, des plats chauds et des colis aux familles se trouvant dans des camps à travers le pays », explique l’agence dans un communiqué pour expliquer « la nécessité d’une réponse humanitaire immédiate ».

« Alors que la crise s’aggrave, nous nous préparons à aider jusqu’à un million de personnes avec un mélange d’argent liquide et d’aide alimentaire », précise l’agence, appelant la communauté internationale à contribuer à hauteur de 105 millions de dollars pour permettre au PAM de financer ces opérations jusqu’à la fin de l’année, a minima.

La frontière syrienne comme objectif

Si le chiffre symbolique du million de déplacés risque d’être rapidement atteint, d’autres données témoignent de l’impact sans précédent pour la population libanaise des frappes de Tsahal. Selon les chiffres fournis samedi par le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), « plus de 50 000 Libanais et Syriens vivant au Liban » ont traversé la frontière syrienne ces derniers jours.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux samedi, le haut représentant du HCR Filippo Grandi a d’ailleurs partagé des images de cette fuite contrainte sous la pression de l’armée israélienne, qui ne semble pas vouloir réduire la cadence de ses frappes. Au contraire, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé samedi soir vouloir continuer à frapper les « ennemis d’Israël ».

Au total, les bombardements israéliens sur le Liban ont déjà fait plus de 700 morts, dont une grande majorité de civils, en l’espace d’une semaine, selon un décompte fourni par le ministère libanais de la Santé. Pour un bilan total de 1 500 morts, depuis le 7 octobre 2023.

« Des opérations de secours sont en cours, notamment par le HCR, pour aider tous ceux qui en ont besoin, en coordination avec les » autorités, a également prévenu Filippo Grandi dans son message.

D’autres images relayées sur les réseaux sociaux, comme ci-dessus dans la ville de Sidon, montre les embouteillages impressionnants formés sur les routes pour fuir vers le nord ou vers l’est, où se trouve la frontière avec la Syrie. Le journal Les Échos rapportait dès jeudi que certaines familles fuyant vers la Syrie en sont désormais au point d’abandonner leur voiture pour parcourir les derniers kilomètres à pied et ainsi atteindre plus rapidement le poste frontière qui les conduira vers un autre pays grandement marqué par la guerre ces dernières décennies. Mais où ils comptent trouver une situation moins terrible que chez eux.

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