Liban: les autorités annoncent au moins 22 morts, dont un soldat, après des tirs israéliens
Des centaines d'habitants du sud du Liban ont bravé dimanche 26 janvier l'armée israélienne et tenté de retourner dans leurs villages, certains toujours occupés par les forces israéliennes qui ont ouvert le feu en leur direction, faisant 22 morts selon le dernier bilan des autorités libanaises, le premier bilan évoquant 4 morts.
Des correspondants de l'Agence France presse (AFP) ont vu des convois de dizaines de voitures, brandissant les drapeaux jaunes du Hezbollah libanais, converger vers plusieurs villages dévastés par la guerre entre la formation pro-iranienne, qui en ressortie affaiblie, et l'armée israélienne.
En vertu de l'accord qui a mis fin le 27 novembre à deux mois de guerre ouverte, seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU peuvent être désormais déployés dans le sud du Liban, d'où l'armée israélienne était censée avoir achevé son retrait le 26 janvier.
Mais Israël a annoncé vendredi que l'opération de retrait se poursuivrait au-delà de cette date limite, estimant que l'accord "n'a pas été totalement accompli par le Liban".
Des "tirs pour éliminer des menaces", selon Israël
L'armée israélienne a tiré dans plusieurs localités frontalières sur "des citoyens qui tentaient de revenir dans leurs villages", faisant 22 morts, dont un soldat libanais et six femmes, et 124 blessés, selon le ministère libanais de la Santé.
De son côté, l'armée israélienne a indiqué que ses soldats avaient tiré "des tirs de sommation pour éliminer des menaces dans plusieurs zones où des suspects ont été identifiés en train de s'approcher des troupes", ajoutant avoir "appréhendé des suspects" qui "constituaient une menace imminente".
Les Casques bleus, qui ont estimé que les conditions d'un retour des habitants n'étaient "pas encore réunies", ont déclaré qu'il était "impératif d'éviter toute détérioration supplémentaire de la situation" et appelé l'armée israélienne à "éviter de tirer sur des civils en territoire libanais".
Israël a retiré ses forces au sud, mais pas à l'est
Le président libanais Joseph Aoun a invité les habitants à faire preuve de "sang-froid" et à "avoir confiance en l'armée libanaise", "soucieuse d'assurer votre retour en sécurité dans vos foyers et vos villages".
De son côté, le Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé dimanche "les parrains de l'accord de cessez-le-feu à assumer leurs responsabilités (...) et à contraindre l'ennemi israélien de se retirer des territoires qu'il occupe".
Un mécanisme de surveillance réunissant la France, les États-Unis, le Liban, Israël et les Casques bleus, a été mis en place pour surveiller l'application de l'accord.
L'armée israélienne a retiré ses forces du secteur côtier du sud du Liban, mais est demeurée dans les zones plus à l'est. Disant agir en soutien à son allié le Hamas, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël au lendemain de l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, où une trêve fragile est aussi en vigueur, depuis le 19 janvier.
Ce front avait dégénéré en guerre ouverte en septembre dernier, Israël bombardant la capitale Beyrouth et infligeant plusieurs coups durs au puissant mouvement libanais.