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Liban: Adib ne veut pas dévier de sa mission, le Hezbollah accuse les Etats-Unis

LIBAN: ADIB NE VEUT PAS DÉVIER DE SA MISSION, LE HEZBOLLAH ACCUSE LES ETATS-UNIS

BEYROUTH (Reuters) - Mustapha Adib, Premier ministre-désigné du Liban, n'entend pas dévier de son objectif de former un "gouvernement de mission" en dépit des blocages que le Hezbollah a imputés jeudi à l'administration américaine.

La classe politique libanaise, lors de la deuxième visite effectuée par Emmanuel Macron à Beyrouth à la suite de l'explosion catastrophique survenue sur le port de la capitale, s'était engagée le 1er septembre dernier à former dans les quinze jours un "gouvernement de mission", avait alors rapporté le président français.

Cet objectif n'a pas été tenu, le Hezbollah et ses alliés du mouvement Amal insistant pour que des représentants chiites soient nommés au gouvernement, notamment à la tête du ministère des Finances que le "tandem chiite" veut conserver.

Mustapha Adib, a-t-on appris jeudi de sources au sein de la classe politique, travaille à de nouvelles propositions intégrant une rotation du contrôle des ministères, dont certains sont tenus depuis des années par des membres d'un même courant politique.

S'il s'avère impossible de former un gouvernement de "ministres spécialistes", il faudra opter pour une approche différente, a prévenu le Premier ministre-désigné, cité par une source politique.

Mais, a-t-il ajouté, "c'est incompatible avec la mission qui m'a été confiée".

De son côté, le Hezbollah a accusé les Etats-Unis d'être à l'origine du blocage politique. L'administration américaine a récemment imposé des sanctions à Ali Hassan Khalil, un conseiller de Nabih Berri, président du Parlement et chef de file du mouvement Amal.

Ali Hassan Khalil est un ancien ministre des Finances. Une autre figure gouvernementale, Youssef Fenianos, ex-ministre chrétien des Travaux publics, est également visé par ces nouvelles sanctions américaines.

Washington reproche aux deux hommes un soutien matériel au Hezbollah, que les Etats-Unis tiennent pour une organisation terroriste.

Le groupe parlementaire du Hezbollah, soutenu par l'Iran, a déclaré qu'il refusait catégoriquement que "d'autres que nous nomment les ministres qui nous représenteront au sein du gouvernement".

La France, en pointe dans la volonté de doter le Liban d'un gouvernement à même de mettre en oeuvre les réformes nécessaires au déblocage d'une aide de plusieurs milliards d'euros promise en 2018, a dit regretter mercredi que les responsables politiques libanais ne soient "pas parvenus à tenir les engagements" mais a ajouté, dans un communiqué diffusé par l'Elysée, qu'il n'était pas trop tard.

Le Liban traverse sa plus grave crise depuis la guerre civile des années 1975-1990.

L'explosion massive qui s'est produite le 4 août dernier dans un entrepôt du port où 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium étaient stockées depuis des années a fait 192 morts et plus de 6.000 blessés. Elle a aussi jeté une lumière crue sur la corruption, l'incurie et l'incompétence dont une partie de la population accuse les élites.

(Ellen Francis et Tom Perry; version française Henri-Pierre André, édité par Jean-Michel Bélot)