Libération de Boualem Sansal : sous le feu des critiques, La France insoumise justifie son vote contre

La députée européenne insoumise Rima Hassan a voté contre la résolution exigeant la libération de Boualem Sansal.
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP La députée européenne insoumise Rima Hassan a voté contre la résolution exigeant la libération de Boualem Sansal.

POLITIQUE - La plupart des votes au Parlement européen se font dans l’indifférence générale. Celui sur la résolution exigeant la libération de l’écrivain Boualem Sansal trahit cette règle. Plus de 530 eurodéputés sur 605 demandent la « libération immédiate et inconditionnelle » du Franco-Algérien retenu en prison depuis la mi-novembre. Et cela fait énormément réagir, jusqu’au ministère de l’Intérieur. Car au milieu des votes favorables (écologistes, socialistes, libéraux, conservateurs...), la position de La France insoumise a étonné. Manon Aubry s’est abstenue, et Rima Hassan, mais aussi Emma Fourreau, Arash Saeidi et Anthony Smith, ont voté contre.

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Un vote que la juriste franco-syrienne a dû justifier. « Boualem Sansal n’a pas été arrêté pour ses œuvres d’écrivain, il a été arrêté pour atteinte à l’intégrité territoriale du pays », écrit-elle sur son compte X. De même, la défenseuse de la cause palestinienne considère que l’homme de 75 ans « défend dangereusement des thèses identitaires d’extrême droite, reprend la réthorique du grand remplacement ou encore stigmatise les personnes exilées ».

Elle estime aussi que « le texte dont il est question a été mis à l’agenda par une coalition de la droite et de l’extrême-droite », la preuve étant qu’il a notamment été « signé par Marion Le Pen ». In fine, Rima Hassan craint « une instrumentalisation du cas de Boualem Sansal à des fins d’ingérence et d’escalade diplomatique avec un pays voisin de l’UE ».

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La fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés n’est pas la seule à avoir voté contre, mais c’est bien son nom qui ressort. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau l’accuse de « sombrer dans l’indignité » et parle même « d’infamie ». « C’est une honte », a embrayé le leader de Place Publique Raphaël Glucksmann sur BFMTV, quand le socialiste Jérôme Guedj a, lui, qualifié ce vote de « dégueulasse ».

« Idéologie raciste »

En réaction, le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard explique sur X que cela « en dit long sur l’idéologie raciste » de ceux qui s’en prennent à Rima Hassan. Il qualifie sa collègue de « femme courageuse », « admirable », qui « refuse de baisser les yeux quand l’extrême droite réactionnaire tente d’imposer son agenda en Europe ».

Auprès du HuffPost, la députée européenne Emma Fourreau rappelle que « La France insoumise a toujours été pour la libération de Boualem Sansal, la question n’est donc pas celle-là ». « La question n’est pas non plus celle d’une complaisance envers les autorités algériennes puisque nous avons déposé des amendements critiquant la législation algérienne », poursuit-elle. Selon cette jeune élue, arrivée au Parlement européen en juin 2024, « le problème est celui de l’extrême droite française, qui n’a que faire des droits humains et qui veut attiser les tensions avec l’Algérie pour alimenter un agenda xénophobe ».

« Aucun effet concret »

Finalement, Manuel Bompard déplore la « cabale » organisée selon lui contre son mouvement et se dit convaincu que ceux qui critiquent la position de LFI n’ont « pas lu le texte ». « La résolution présentée au vote du Parlement européen (qui n’a aucun effet concret) ne se limite pas à demander la libération de Boualem Sansal. Il menace de ne pas renouveler l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie », assure le député des Bouches-du-Rhône, qui va même jusqu’à parler de « provocation ». En attendant, l’écrivain atteint d’un cancer est toujours retenu en Algérie et alors que sa santé décline, ses soutiens en France peinent à cacher leur inquiétude.

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