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L'historien et le terrain : retour en RDA

Aucun projet de restauration en vue pour ce symbole de l’ex-RDA, le bâtiment de l'ambassade d’Irak de l’ex-RDA situé dans le quartier de Pankow.

Le professeur de civilisation allemande Jean-Louis Georget conteste la réflexion de l'historien Nicolas Offenstadt sur l'histoire de la RDA dans son dernier livre. Un brin poétique, elle minimise, selon lui, la dureté du régime communiste de l'époque.

Tribune. Nicolas Offenstadt est sans conteste un excellent médiéviste et un spécialiste de premier ordre de la Première Guerre mondiale, personne ne saurait le contester. Dans son nouvel ouvrage, le Pays disparu (Stock), il choisit de mettre à profit son expérience de maître de conférences invité à l’université de Francfort-sur-Oder pour poser un regard décalé sur son environnement urbain. Il se transforme en ethnographe de l’Allemagne de l’Est, comme l’avaient fait avant lui d’autres universitaires autour du photographe Tristan Siegmann à Berlin. Il brosse, en l’illustrant de ses diverses rencontres avec Johanna, Heidrun, Harry ou Olaf, un tableau vivant et désenchanté du Brandebourg. Ses pérégrinations dans la maison abandonnée de l’Amitié germano-soviétique à Francfort-sur-Oder et autres usines, qu’il appelle curieusement des non-lieux à l’inverse des ethnologues, lui font conclure que les restes épars de ce monde disparu méritent une autre considération que cet abandon actuel, résultat de la «colonisation» ouest-allemande. Sa réflexion n’est pas sans poésie.

Pourtant ces papiers et objets épars, voués à l’abandon et à la disparition progressive, ne peuvent parler ainsi. Ils n’ont de pertinence que dans le contexte où ils vivent, comme le soulignent les débats contemporains sur la restitution des objets. Un ethnologue ne travaille pas avec le passé, mais avec des présents successifs. Ce qui manque à Nicolas Offenstadt pour rendre son ouvrage convaincant est la succession de ces moments, qui permettent de mettre en perspective le quotidien qu’il décrit. L’auteur avoue très honnêtement n’avoir jamais passé la frontière de la RDA, alors que d’autres de sa génération l’ont fait. J’en fais partie. Or s’il (...)

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