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L'heure limite approche pour former un gouvernement en Israël

JERUSALEM (Reuters) - Benjamin Netanyahu, engagé depuis près de deux mois dans des discussions politiques délicates, n'a plus que quelques heures pour former un gouvernement de coalition, sans quoi il pourrait se voir privé d'un quatrième mandat de Premier ministre. Vainqueur des élections du 17 mars, le chef du Likoud a jusqu'à minuit (21h00 GMT) ce mercredi pour conclure avec d'autres partis un accord lui assurant une majorité à la Knesset. Mais le refus lundi de son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, chef de file du parti ultranationaliste Yisrael Beitenu, de faire partie du prochain gouvernement, a considérablement compliqué sa tâche. Netanyahu n'est plus assuré que du soutien de deux petits partis ultra-orthodoxes et d'un parti centriste, ce qui ne lui assure pour l'instant que 53 sièges sur 120. Cette situation le rend donc dépendant du bon vouloir du Foyer juif, un parti d'extrême droite partisan de l'annexion d'une partie de la Cisjordanie palestinienne et qui compte huit députés à la Knesset. En cas d'accord, le nouveau gouvernement ne disposerait donc que d'une voix de majorité. La volonté de Naftali Bennett, le chef de file du Foyer juif, d'annexer une partie des territoires aujourd'hui administrés par les Palestiniens va bien au-delà de la promesse de Benjamin Netanyahu de poursuivre les implantations dans des zones que l'Etat hébreu entend conserver même en cas de nouvel accord de paix. Naftali Bennett est aussi un fervent partisan de l'inscription dans la loi, défendue par Netanyahu, du statut d'Israël comme Etat-nation du peuple juif. Un projet critiqué y compris par le président israélien, Reuven Rivlin, car il remettrait en cause le principe fondateur de l'égalité avec les citoyens arabes israéliens. Zeev Elkin, un négociateur du Likoud, a déclaré que Bennett réclamait le ministère de la Justice pour le Foyer juif, un portefeuille clé. "Je pense que c'est de l'extorsion. Je n'ai pas d'autre mot pour décrire cela", a-t-il dit à la radio de l'armée. Mais plusieurs commentateurs politiques estiment que Netanyahu va céder. En l'absence d'accord sur un nouveau gouvernement à minuit, Rivlin peut, conformément à la constitution israélienne, confier à un autre député la formation d'une coalition. Dans cette hypothèse, cette tâche échoirait logiquement à Isaac Herzog, qui a conduit la coalition de centre-gauche de l'Union sioniste aux législatives. Une grande coalition réunissant Netanyahu et Herzog serait le gage d'une majorité large mais Herzog s'est engagé dès le lendemain du scrutin de mars à siéger dans l'opposition. (Jeffrey Heller, Marc Angrand pour le service français)