Dans « LFAUIT » sur M6, ce numéro fait avec une IA cristallise toutes les peurs des artistes
Ce mardi 14 novembre, les téléspectateurs de M6 ont assisté à un numéro inédit dans « La France A Un Incroyable Talent », réalisée en partie avec une intelligence artificielle.
C’était du jamais vu sur le plateau de La France A Un Incroyable Talent. Ce mardi 14 novembre, les téléspectateurs ont pu suivre le 4e épisode des auditions de la saison 18 de LFAUIT sur M6. Entre les numéros de danse, de magie, de jonglage, de chant, ou encore de ventriloquie, les jurés ont pu assister à une performance totalement inédite : un numéro de chant associé à une technologie de deepfake impressionnante.
Le chanteur et imitateur québécois David Corriveau a repris, face caméra, des tubes de Céline Dion. Mais sur l’écran, ce n’est pas son visage ni ses mimiques que le public pouvait voir, mais l’humoriste québécois et juré de l’émission Sugar Sammy. Ce numéro a séduit le public et le jury, au point de décrocher le Golden Buzzer de l’humoriste à qui on avait emprunté le visage.
Pourtant, quelques jours seulement après la fin de la grève à Hollywood, ce numéro fait réfléchir. En effet, sans l’alternance avec les images en plateau de l’imitateur, impossible pour les téléspectateurs de se rendre compte qu’il ne s’agit pas du juré de LFAUIT qui chante, mais bien de quelqu’un d’autre.
L’artiste, probablement bien conscient du sujet, a tenu à préciser avant même de se lancer : « L’intelligence artificielle, ça peut soulever des passions ou des craintes, il y en a qui ont peur que ça puisse prendre le dessus sur le talent humain. Mais on est des talents humains, en équipe avec l’intelligence artificielle, pour dépasser les limites. »
Le non encadrement des deepfakes et de l’IA
Pendant près de quatre mois, les acteurs d’Hollywood sont restés en grève afin d’exiger des garanties sur l’utilisation de leur image et de leur voix par des intelligences artificielles. Ce sujet tendu a d’ailleurs fait l’objet des toutes dernières négociations entre le SAG AFTRA et les grands patrons des studios, avant que l’accord ne soit finalement signé.
La performance de David Corriveau, si impressionnante soit-elle, vient illustrer les dérives possibles de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Car rien n’empêche concrètement cette technologie aujourd’hui de venir imiter le visage de qui que ce soit (mort ou vivant) et de lui faire dire tout et n’importe quoi, par le biais de l’imitation humaine ou de la technologie.
De nombreuses célébrités ont déjà porté plainte outre-Atlantique suite à l’utilisation non consentie de leur image ou de leur voix, comme Tom Hanks et Scarlett Johansson. La fille de Robin Williams elle aussi avait exprimé son dégoût suite à l’utilisation de l’image et de la voix de son père décédé. Aujourd’hui en France, aucune régulation n’encadre spécifiquement ce genre de performances qu’elles soient en live ou uniquement numériques. Si plaintes il y a, elles sont étudiées et jugées au cas par cas.
L’utilisation d’un deepfake à une heure de grande écoute, dans l’une des émissions de divertissement les plus regardées de France, permettra en parallèle, peut-être, d’alerter une partie des téléspectateurs sur le réalisme de cette technologie et l’importance de bien vérifier les sources des informations qu’elle véhicule.
Mais comme le soulignait l’ensemble du jury de LFAUIT sur M6 ce mardi 14 novembre, outre la technologie, la performance vocale de David Corriveau est impressionnante musicalement. Et c’est surtout ça qu’est venu récompenser ce 3e golden buzzer de la saison.
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