Journaliste sur le tard, "consciencieux" et "expérimenté": qui est l'ex-otage Olivier Dubois?

Le journaliste français Olivier Dubois à l'aéroport de Niamey le 20 mars 2023  - Souleymane AG ANARA / AFP
Le journaliste français Olivier Dubois à l'aéroport de Niamey le 20 mars 2023 - Souleymane AG ANARA / AFP

Le journaliste français Olivier Dubois, otage pendant près de deux ans de jihadistes au Mali, a été libéré lundi. Il est apparu souriant et visiblement ému à sa descente de l'avion à l'aéroport de Niamey (Niger).

"Je me sens fatigué mais je vais bien", a déclaré le journaliste français de 48 ans.

Dès mardi matin, il a pris un avion pour la France, et a été accueilli par le président de la République Emmanuel Macron sur la base aérienne de Villacoublay, près de Paris vers midi.

Olivier Dubois était otage depuis le 8 avril 2021. Ce jour-là, il se rend à Gao, dans le nord du Mali, pour faire une interview d'Abdallah Ag Albakaye, lieutenant du GSIM, principale alliance jihadiste au Sahel, liée à Al-Qaïda. Mais le groupe terroriste le capture.

Si les risques de cet entretien étaient connus, Olivier Dubois n'est pas une tête brûlée, ont plusieurs fois assuré ses proches, mais un journaliste consciencieux qui exerçait depuis cinq ans dans cette zone.

Un "journaliste expérimenté"

Né le 6 août 1974 à Créteil (Val-de-Marne), Olivier Dubois est devenu journaliste sur le tard, rapportait Libération dans un portrait de leur collaborateur en mars 2022. Avant cela, il travaille comme commercial, cherchant à se faire "un peu d’argent pour partir loin, toujours plus loin", raconte alors Déborah Al Hawi Al Masri, sa compagne et mère de leur enfant.

Il est décrit par ses proches comme quelqu'un aimant débattre, cuisiner, jouer aux jeux de société ou encore pratiquer le ba gua, un art martial chinois.

C'est en 2012 qu'il rencontre sa future compagne. Le couple voyage ensemble et Olivier Dubois vend ses premiers sujets, contribuant par exemple à la série Poilorama d'Arte. En 2015, c'est le départ pour Bamako (Mali) avec sa compagne et la fille de cette dernière. Olivier Dubois n'avait, avant cela, jamais mis les pieds en Afrique de l'Ouest.

Le couple y aura un fils en 2016. Là-bas il continue le journalisme et travaille notamment pour le Journal du Mali.

"Au fil des années il a construit un réseau très solide. Il travaillait avec des personnes de confiance, c'est ce qui faisait que son travail était vraiment apprécié", rapportait en juin 2021 sur RFI Déborah Al Hawi Al Masri, il "allait au bout de l'information".

"Olivier c'est toujours quelqu'un qui a voulu faire parler les gens qu'on ne fait pas parler, qui a toujours voulu parler des sujets tabous. Il a toujours voulu apporter la vérité", déclarait-elle.

Depuis le Mali, il collabore au fil des années avec Jeune Afrique, Libération ou encore le magazine Le Point. "Olivier Dubois n'a eu de cesse de traquer les dessous des événements sanglants qui déchirent la région sahélienne, à travers ses reportages, analyses et entretiens", écrit ainsi l'hebdomadaire, le qualifiant de "journaliste expérimenté".

Libération le décrit de son côté comme quelqu'un de très travailleur qui propose "des sujets décalés" et "des reportages de terrain là où personne n’est encore allé".

Deux ans de captivité

Son enlèvement est malheureusement lié à son activité de journaliste. Le 8 avril 2021, il se rend à Gao d'où il doit ensuite être mené à un point de rendez-vous pour rencontrer Abdallah Ag Albakaye. Mais, malgré un entretien très préparé en amont et des garanties de sécurité échangées, il n'en revient pas.

En mai 2021, une vidéo de lui est diffusée dans laquelle il explique être otage du GSIM. Après des mois de silence, un autre signe de vie est donné en mars 2022, une vidéo dans laquelle Olivier Dubois apparaît en vie et en bonne santé. Il s'adresse à ses parents, à sa compagne, et explique recevoir leurs messages, mais aussi au gouvernement français, auquel il demande de "continuer à faire son possible" pour sa libération.

“Après une année de détention d'Olivier et d'attente insupportable pour ses proches, la preuve de vie diffusée récemment nous donne des raisons d’espérer. Elle nous montre qu’il y a bien un chemin pour qu’il retrouve la liberté", déclare alors le secrétaire général de RSF (Reporters Sans Frontières) Christophe Deloire.

Cet enlèvement dans la région du Sahel intervient alors que les relations entre la France et le Mali se tendent grandement après deux coups d'État militaires, ce qui fait craindre aux proches du journaliste un blocage prolongé de la situation d'Olivier Dubois. D'autant que, pendant sa détention, certains se plaignent de n'avoir aucune information sur les avancées, ou non, de la libération du reporter.

Pendant ses 711 jours de captivité, ses proches et des médias n'ont eu de cesse d'appeler à sa libération. "C'est un immense soulagement", a déclaré ce mardi sur franceinfo, Canèle Bernard, la sœur d'Olivier Dubois.

"C'est enfin le point final de ce cauchemar de 23 mois qu'Olivier a enduré et, par ricochet, notre famille aussi".

Le président français Emmanuel Macron a exprimé lundi son "immense soulagement" et a témoigné de sa "grande reconnaissance au Niger pour cette libération".

Article original publié sur BFMTV.com