Pour l'ex-agent double Matthieu Ghadiri, le régime de Téhéran veut faire croire que sa chute entraînera le chaos
Lorsqu’il quitte l’Iran pour la France en 1977, Matthieu Ghadiri se destine à des études d’ingénieur. Mais le destin en a décidé autrement. En quelques années de rencontres et de militantisme, celui qui ignorait tout de la France est devenu agent double pour les services de contre-espionnage de son pays d’adoption. Son histoire hors norme, il la raconte dans Notre agent iranien : d'étudiant à espion pour la DST, l'étonnant destin d'un flic franco-iranien, à paraître ce mercredi 6 novembre aux éditions du Nouveau Monde. Sacrifices personnels, Iran, espionnage, il se confie. Entretien.
RFI : Pourquoi publier ce livre aujourd'hui, en novembre 2024 ?
Matthieu Ghadiri : Il y a plusieurs raisons. La première, c'est que je veux dire merci à la France. Merci d’avoir accueilli un adolescent de 16 ans, de lui avoir donné la possibilité de construire sa vie. Je dois tout à la France, et elle ne me doit rien. Je souhaite aussi m'adresser aux étrangers qui arrivent en France, plus particulièrement aux jeunes. Je veux leur dire que s'ils font un pas vers la France, alors elle en fera deux vers eux. C’est à eux de s'assimiler, d'apprendre la langue, la culture et de respecter les lois de la République. À partir de là, ils auront la clé pour réussir dans ce magnifique pays.
Quelles sont les qualités d’un agent double ?
Je dirais qu’il faut 90% de conviction et 10% d’inné. J'ai ce sens de l’adaptation qui permet de jouer des rôles différents. Au gré des missions, je devais me faire passer pour un Libanais, un Turc, un Kurde, un Espagnol, un Marocain...
Dans le livre, vous confiez avoir une préférence pour le travail en amont par rapport aux missions de terrain.