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L'Europe termine en baisse, les craintes sur le commerce relancées

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse mardi, la perspective d'une escalade des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et les craintes sur la croissance de l'économie mondiale ayant tenu à distance les investisseurs des actifs à risque.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,60% à 5.395,75 points. Le Footsie britannique a perdu 1,63% et le Dax allemand 1,58%.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 1,78%, le FTSEurofirst 300 a abandonné 1,50% et le Stoxx 600 a perdu 1,37%, subissant sa plus forte baisse en une séance depuis trois mois.

Les indices ont accentué leur repli dans l'après-midi dans le sillage de Wall Street. En seulement quatre séances de cotation depuis le début du mois de mai, le Stoxx 600 a effacé la quasi totalité des gains enregistrés en avril.

La baisse brutale des marchés actions s'explique pour la crainte d'un nouvel épisode dans la guerre commerciale que se livrent Washington et Pékin.

Alors que les négociateurs américains évoquaient jusqu'à la semaine dernière des progrès dans leurs échanges avec leurs homologues chinois, Donald Trump a durci le ton en annonçant que 200 milliards de dollars de produits chinois seraient taxés à 25%, au lieu de 10%, à partir de vendredi.

La Maison blanche a justifié cette décision par la marche arrière de la Chine sur certains de ses engagements dans les négociations commerciales. La confirmation de la venue de la délégation chinoise, emmenée par le vice-Premier ministre Liu He, à Washington jeudi et vendredi n'a pas suffi à apaiser durablement les inquiétudes des marchés.

A cela s'est ajoutée une mauvaise nouvelle pour les investisseurs en Europe, celle d'une nouvelle baisse par la Commission européenne de ses prévisions de croissance pour la zone euro au vu des tensions commerciales qui plombent l'économie mondiale et de la faiblesse du secteur manufacturier, pénalisante pour l'Allemagne.

Signe supplémentaire de la frilosité des marchés, l'indice mesurant la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50 a bondi de 14,65%, terminant à un plus haut depuis le 25 mars. A New York, l'indice équivalent Vix grimpe de 30%, à un pic de plus de trois mois de 19,98.

VALEURS

Quasiment tous les secteurs ont fini dans le rouge, avec une baisse particulièrement importante pour les valeurs pétrolières (-2,45%), bancaires (-2,43%) et automobiles (-1,37%).

L'indice sectoriel des banques italiennes a perdu 2,74% en réaction des prévisions dégradées de la Commission européennes pour l'Italie.

Imerys, lanterne rouge du Stoxx 600, a chuté de 14,48%, les investisseurs s'inquiétant de l'annonce de l'arrêt temporaire d'une usine du groupe à Willsboro, aux Etats-Unis, en raison d'une contamination à l'amiante.

A l'inverse, Iliad a pris 4,75% après avoir annoncé un accord avec l'opérateur d'infrastructures espagnol Cellnex (+6,7%, en tête du Stoxx 600), en vue de lui céder l'essentiel de ses tours en France et en Italie dans le cadre d'une opération d'un montant initial de deux milliards d'euros.

À WALL STREET

Les grands indices américains creusaient leurs pertes au moment de la clôture en Europe, emmenés par les valeurs industrielles, avec les inquiétudes grandissantes sur les négociations commerciales.

Boeing (-3,09%) signait la baisse la plus marquée du Dow Jones et Caterpillar reculait de 2,38%.

Les grandes sociétés technologiques comme Amazon, Facebook, Microsoft et Apple cédaient entre 1,6% et 2,3%.

TAUX

L'aversion pour le risque favorise également un retour sur le marché obligataire où le rendement des Treasuries à 10 ans perd quatre points de base à 2,46%.

En Europe, le rendement du Bund allemand de même échéance a perdu plus de quatre points de base à -0,035% après un pic à +0,025% en début de séance..

A l'inverse, le rendement des obligations d'Etat italiennes à dix ans a fini en hausse, prenant en séance jusqu'à trois points de base à 2,6%, après la publication des nouvelles prévisions de la Commission européenne.

CHANGES

Le dollar est en légère hausse face à un panier de devises de référence, profitant d'un accès de faiblesse de l'euro, sous 1,118, après la révision à la baisse des prévisions de croissance de la Commission européenne pour la zone euro..

PÉTROLE

Les cours du brut sont sous pression, le regain de tension dans les relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis venant alimenter les craintes sur la croissance économie et la demande mondiales.

Le baril de brut léger américain perd 1,4%, sous 61,4 dollars, et celui du Brent perd plus de 1,5% à 70,15 dollars.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les marchés n'ont enregistré aucune réaction notable à la hausse inférieure aux attentes des commandes à l'industrie en Allemagne en mars.

À SUIVRE MERCREDI

La journée du 8 mai, qui ne sera pas chômée sur les marchés, sera pauvre en indicateurs avec uniquement les chiffres de la balance commerciale chinoise en avril, à surveiller dans un contexte de tensions accrues avec les Etats-Unis sur le commerce, et ceux de la production industrielle en Allemagne.

(Édité par Véronique Tison)