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L'Europe salue les nouvelles sur le front du commerce et du Brexit

par Wilfrid Exbrayat

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en hausse sensible vendredi, portées par le vote pour un report du Brexit et par des déclarations jugées rassurantes sur les négociations commerciales en cours entre les Etats-Unis et la Chine.

Les députés britanniques ont voté massivement jeudi en faveur d'un report du Brexit, actuellement fixé au 29 mars, ce qui va permettre à Theresa May de tenter une troisième fois de faire ratifier par les parlementaires son accord de retrait de l'Union européenne, pourtant déjà rejeté à deux reprises.

L'agence de presse Chine Nouvelle a rapporté vendredi que le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin et le représentant au Commerce Robert Lighthizer s'étaient entretenus par téléphone avec le vice-Premier ministre chinois Liu He et que des "progrès substantiels" avaient été accomplis.

Ces informations ont apaisé les craintes nées auparavant de l'annonce d'un report d'un sommet, prévu ce mois-ci, entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping.

À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 1,04% à 5.405,32 points. Le Footsie britannique a pris 0,65% et le Dax allemand 0,85%.

L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 1,32%, le FTSEurofirst 300 de 0,75% et le Stoxx 600 de 0,68%.

Sur l'ensemble de la semaine, le CAC 40 a gagné 3,33% et le Stoxx 600 2,89%.

"Fin en force d'une semaine positive pour les Bourses européennes, en dépit d'un contexte économique qui reste un peu atone", résume Michael Hewson (CMC Markets UK).

VALEURS

La quasi totalité des indices sectoriels ont fini en hausse, avec aux deux premières places les technologiques (+2,62%) et les télécoms (+1,63%).

L'allemand Wirecard a été exclu du mouvement et lâche 8,77%, lanterne rouge du Stoxx 600, des traders évoquant un abaissement du conseil de Citi à "vendre".

A Paris, Mercialys (-3,23%) a souffert d'un abaissement du conseil d'Oddo BHF à "alléger" contre "neutre".

A l'inverse, Korian a gagné 4% après avoir relevé les prévisions de son plan stratégique 2019-2021 en raison de résultats 2018 supérieurs à ses propres attentes.

A Stockholm, la publication de H&M n'a pas eu le même accueil: l'action du groupe de prêt-à-porter laisse 4,92%, les investisseurs s'inquiétant d'une baisse persistante des marges du groupe de confection suédois.

A WALL STREET

Wall Street était en hausse également au moment où les Bourses européennes fermaient, dopée par l'information de l'agence Chine nouvelle sur les négociations commerciales sino-américaines et en dépit d'indicateurs économiques le plus souvent moroses.

L'indice Dow Jones gagnait 0,8%, tandis que le S&P-500 progressait de 0,73% et que le Nasdaq Composite prenait plus de 1%.

La hausse était notamment portée par le secteur des technologiques, en témoignait la hausse de 2,92% de l'indice des semiconducteurs de la Bourse de Philadelphie.

LES INDICATEURS DU JOUR

En Europe, Eurostat a confirmé que l'inflation annuelle avait été de 1,5% en février dans la zone euro, en légère hausse grâce aux prix des services, des produits alimentaires, de l'alcool et du tabac.

Aux Etats-Unis, l'indice "Empire State" de l'activité économique dans la région de New York a reculé à 3,7 en mars, au plus bas depuis novembre 2016, après 8,8 en février et un consensus le donnant à 10,0.

La production manufacturière a elle baissé en février pour le deuxième mois consécutif, tandis que la confiance du consommateur américain s'est redressée plus nettement qu'attendu en mars, suivant l'indice de l'Université du Michigan.

Côté macroéconomie, la statistique de la production manufacturière a témoigné à son tour d'un fort ralentissement de la croissance économique au début du premier trimestre. Cet indicateur, après d'autres qui se sont succédés cette semaine, vient justifier la patience de la Réserve fédérale en matière de normalisation monétaire, attitude qui vaut pour l'instant à l'indice S&P-500 de gagner 2,6%, son gain hebdomadaire le plus élevé depuis près de 2 mois.

CHANGES

Le dollar a fini en baisse sur un large front, affecté par des indicateurs économiques plutôt médiocres et par la baisse du rendement de l'emprunt américain de référence à 10 ans, permettant en particulier à l'euro de remonter et à l'or de rebondir au-dessus de 1.300 dollars l'once.

La Réserve fédérale tient réunion mardi et mercredi prochains et ne devrait guère renoncer à être "patiente" dans sa politique des taux, un point a priori négatif pour le billet vert.

Mais, explique Rahul Shah (Ideal Asset Management), les taux américains étant plus élevés que partout ailleurs, les Etats-Unis attireront des capitaux de l'extérieur qui finiront par exercer une pression haussière sur le dollar.

Le livre britannique a elle marqué une pause après une semaine particulièrement agitée mais reste bien partie pour afficher son gain le plus élevé depuis sept semaines face au dollar, le marché étant davantage persuadé que Londres ne quittera pas l'Union européenne (UE) par la petite porte.

TAUX

Les rendements des Treasuries à dix ans et à deux ans sont tombés au plus bas depuis le début janvier, conséquence là encore des indicateurs décevants du jour - la confiance du consommateur exceptée - et du statu quo attendu de la part de la Fed la semaine prochaine.

Les rendements européens ont suivi leurs homologues américains après la publication des statistiques américaines et le rendement du Bund à 10 ans est tombé à 0,066%.

PÉTROLE

Les futures sur le brut américain ont brièvement atteint un plus haut de l'année ce vendredi mais ont par la suite rétrogradé en compagnie du Brent, les craintes autour de la croissance économique mondiale et la forte production des Etats-Unis contribuant à plafonner les cours.

L'Opep et ses alliés tiendront réunion les 17 et 18 avril pour faire le point sur leur politique de production.

Le baril de WTI texan recule à 58,48 dollars, après son pic de 2019 de 58,95 dollars.

Le baril de Brent se tasse à 66,85 dollars. Il avait inscrit jeudi un plus haut de 2019 de 68,14 dollars.

Le brut texan est bien parti pour terminer la semaine sur un gain de l'ordre de 3,2%, tandis que le Brent engrangerait une hausse autour de 1,7%.

(Édité par Marc Joanny)