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L'Europe repart à la baisse, Valeo chute après un avertissement

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont ouvert en baisse vendredi, mettant un coup d'arrêt à leur remontée de la veille, à nouveau en proie aux incertitudes, mais aussi aux déceptions en matière de résultats, notamment de Valeo, Amazon et Google.

À Paris, l'indice CAC 40 recule de 1,95% à 4.934,15 points 08h50 GMT À Francfort, le Dax cède 1,66% et à Londres, le FTSE perd 1,36%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro abandonne 1,59%, le FTSEurofirst 300 1,3% et le Stoxx 600 1,3%.

Au lendemain du rebond des Bourses européennes et de Wall Street, les opérateurs de marché sont repris d'aversion pour les actifs risqués, face lot d'incertitudes sur le budget italien, le protectionnisme commercial ou encore les résultats d'entreprises.

Le courant de ventes des actions se nourrit des résultats mal accueillis des mastodontes américains Alphabet et Amazon, ce dernier dévoilant par ailleurs des prévisions pour le quatrième trimestre inférieures aux attentes.

Du côté des statistiques, le moral des ménages allemands reste stable à l'approche de novembre, mais leurs anticipations sur l'économie et sur leur revenu se dégradent.

LES VALEURS

Le secteur automobile signe la plus forte baisse européenne avec un repli de 2,34%, lesté par la chute du titre Valeo (-19,12%). Le groupe a lancé un nouvel avertissement sur ses prévisions 2018 à cause des perturbations provoquées dans la production des constructeurs par les nouvelles normes d'homologation WLTP et du ralentissement brutal du marché automobile chinois, dont l'impact risque de perdurer sur la fin de l'année.

Dans le sillage de l'équipementier, Plastic Omnium perd 7,3%, Continental 3% et Faurecia 7,46% qui a, par ailleurs, annoncé le lancement d'une offre de rachat sur le japonais Clarion (+3,84%), spécialisé dans les systèmes de navigation automobiles.

Ailleurs en Europe, Electrolux chute de 8,36% après avoir abaissé ses prévisions de demande sur l'ensemble de ses marchés et prédit une augmentation de ses coûts d'approvisionnement en raison notamment de l'impact négatif des droits de douane.

Royal Bank of Scotland perd 4,48% après avoir provisionné 100 millions de livres (112,6 millions d'euros) face aux incertitudes du Brexit.

En hausse, Altran prend 17,69%, en tête du Stoxx 600, après avoir publié un chiffre d'affaires trimestriel en hausse.

EN ASIE

La Bourse de Tokyo a terminé en baisse de 0,40%, malgré un rebond à Wall Street, en raison des inquiétudes concernant les bénéfices des sociétés après l'avertissement de Canon.

Le groupe japonais a chuté de 5,62% après avoir réduit son objectif de bénéfice net pour l'année, en raison de la faiblesse des ventes d'appareils photo numériques.

Le marché a également été échaudé par les résultats décevants des poids lourds américains que sont Alphabet et Amazon.

Les Bourses chinoises ont également terminé dans le rouge mais ont limité leur repli après que le régulateur des secteurs de la banque et de l'assurance (CBIRC) a annoncé qu'il allait permettre aux compagnies d'assurance d'investir dans tous les secteurs, sans restrictions, avec les fonds collectés en assurance-vie.

L'indice composite de la Bourse de Shanghaï a cédé 0,19% et l'indice CSI 300 des grandes capitalisations de Chine continentale a reculé de 0,65%.

A WALL STREET

Les principaux indices américains ont terminé dans le vert, bien aidés par Microsoft qui a permis au Nasdaq de rebondir et d'inscrire son plus gros gain depuis le 26 mars, après que celui-ci a subi la veille sa plus forte perte depuis 2011.

L'indice Dow Jones a gagné 1,63%, le S&P-500 1,86% et le Nasdaq Composite 3,02%.

Microsoft a en effet pris 5,8%, après avoir battu mercredi le consensus à la fois sur son chiffre d'affaires et sur son bénéfice.

Trois poids lourds de la high tech ont publié leurs comptes trimestriels après la clôture, Alphabet, Amazon.com et Intel, avec des fortunes diverses.

Alphabet et Amazon reculaient fortement en après-Bourse car leur chiffre d'affaires trimestriel s'est révélé inférieur aux attentes, le géant de la distribution tablant également sur un dernier trimestre difficile. A l'inverse, Intel s'envolait de plus de 6% en après-Bourse à la suite de résultats meilleurs que prévu.

CHANGES

Le billet vert est stable face à un panier de devises de référence en attendant la publication de la première estimation du produit intérieur brut (PIB) américain pour le troisième trimestre, à 12h30 GMT.

"Un PIB solide illustrerait la profonde division qui sépare les Etats-Unis de la zone euro en terme de croissance", déclare Thu Lan Nguyen, analyste changes chez Commerzbank.

A l'inverse, si la publication est inférieure aux attentes, les investisseurs pourraient s'interroger sur le rythme du resserrement monétaire de la Réserve fédérale.

"Les marchés vont suivre cette statistique attentivement car elle pourrait indiquer si nous approchons du pic que peuvent atteindre les bénéfices des entreprises américaines. Les chiffres relatifs aux ventes de logements et aux commandes de biens durables ont été décevants dernièrement", dit de son côté Sim Moh Siong, chargé de la stratégie changes chez Bank of Singapore.

L'euro se traite à 1,137 dollar, après être tombé à 1,1353 jeudi, un creux de deux mois, en raison des déclarations de Mario Draghi, qui, bien que confiant dans l'issue du bras de fer entre Rome et Bruxelles sur le budget italien, a reconnu que l'union monétaire restait "fragile" en Europe.

Le sterling est quasiment inchangé face à l'euro et au dollar, après tombé à un plus bas de sept semaines jeudi face au billet vert en raison des perspectives d'un Brexit sans accord.

Le yuan chinois a touché vendredi un creux de 22 mois face au dollar, la fixation par la banque centrale d'un taux pivot inférieur aux attentes ayant renforcé l'hypothèse selon laquelle les autorités laisseront encore filer la devise.

TAUX

Sur le marché obligataire, les rendements sont en baisse en raison entre autres des interrogations sur le budget italien et des résultats décevants des géants américains de la technologie qui conduisent les investisseurs vers des actifs plus sûrs.

"Les attentes vis-à-vis des bénéfices des sociétés américaines sont assez élevées, alors lorsqu'elles ne sont pas à la hauteur, les réactions sont assez sévères", commente Miraji Othman, chargé de la stratégie taux chez BayernLB.

"Vous avez également les facteurs de risque concernant l'Italie et son déficit budgétaire. Tout arrive en même temps, ce qui génère du pessimisme", ajoute-t-il.

En Europe, le 10 ans allemand est en repli à 0,37%, un plus bas d'un mois et demi. Son équivalent italien, en revanche, est proche de l'équilibre. Dans le dossier italien, les investisseurs seront attentifs à la décision de l'agence de Standard & Poor's sur la note souveraine italienne après la baisse opérée vendredi dernier par Moody's, qui avait toutefois maintenu sa perspective "stable".

Sur le marché des bons du Trésor américain, le rendement à dix ans s'affiche en baisse à près de 3,0924%.

PÉTROLE

Les cours du brut reculent et s'acheminent vers leur troisième semaine consécutive de baisse après les déclarations du gouverneur saoudien à l'Opep, qui estime que le marché du pétrole pourrait basculer vers une offre excédentaire au quatrième trimestre de l'année en raison de la hausse des stocks et du ralentissement de la demande.

Le Brent de mer du Nord, perd 0,43% au-dessus des 76,5 dollars et le brut léger américain (WTI) cède 0,68% à 66,87 dollars le baril.

(Édité par Juliette Rouillon)