L'Europe finit en nette hausse, l'Italie n'inquiète pas trop

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont terminé lundi en nette hausse, le franchissement de la dernière étape avant la formation d'un gouvernement de coalition en Allemagne paraissant largement compenser aux yeux des investisseurs la menace d'un blocage politique en Italie.

Autre fait du jour, la crainte de voir Donald Trump déclencher des conflits commerciaux en taxant lourdement certaines importations, qui a pesé sur les marchés la semaine dernière, semble s'atténuer. Après avoir ouvert en baisse, les indices de Wall Street évoluent ainsi en territoire positif à l'heure de la clôture en Europe.

A l'exception de Milan, qui a évolué dans le rouge de l'ouverture à la clôture pour ne finalement perdre que 0,42%, les places européennes ont réduit un moment leurs gains dans le sillage de l'ouverture en baisse à Wall Street avant de repartir de plus belle.

À Paris, le CAC 40 a pris 0,6% à 5.167,23 points. À Francfort, le Dax a gagné 1,49% et à Londres, le FTSE a avancé de 0,65%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 a progressé de 1,1%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,92% et le Stoxx 600 de 1,04%.

Wall Street tente pour sa part un rebond après avoir accusé la semaine dernière un net repli en raison des craintes de tensions commerciales à la suite de la décision de Donald Trump de taxer les importations d'acier et d'aluminium aux Etats-Unis, à laquelle le président américain a ajouté samedi la menace de droits sur les automobiles importées.

A l'heure de la clôture en Europe, l'indice Dow Jones gagne 172,87 points, soit 0,7%, à 24.710,93 points. Le Standard & Poor's 500, plus large, prend 0,75% et le Nasdaq Composite progresse de 0,73%.

PAS DE MAJORITÉ CLAIRE EN ITALIE

En Europe, la Bourse de Milan a ouvert en baisse de plus de 2% au lendemain des élections législatives italiennes. Si les résultats définitifs ne sont pas encore connus, les indications disponibles montrent d'une part une absence de majorité claire, d'autre part une poussée nette des partis hostiles à l'euro et à l'Union européenne, deux éléments généralement peu appréciés par les marchés.

L'un des enseignements marquants du scrutin semble être le succès du Mouvement Cinq Etoiles (M5S), qui se présente comme "anti-système" et deviendrait le premier parti politique italien au vu des résultats encore partiels.

"Les scénarios les plus optimistes du marché, à savoir une absence de majorité menant à une grande coalition pro-euro ou une coalition de la droite menée par Forza Italia, sont écartés", commente François Raynaud, gérant allocation d'actifs et dettes souveraines chez Edmond de Rothschild Asset Management.

"On a bel et bien une victoire des partis anti-système qui ressortent très largement au-dessus des attentes. On ne peut exclure désormais une alliance entre le Mouvement Cinq Etoiles et la Ligue du Nord, ce qui constitue le scénario du pire", ajoute-t-il.

L'indice des valeurs bancaires italiennes a cédé 2,62% avec des reculs de 1,41% pour Intesa Sanpaolo et 3,43% pour UniCredit.

La réaction des marchés à la crise politique qui menace l'Italie reste cependant mesurée dans un contexte de croissance économique solide, souligne John Taylor, gérant obligataire chez Allianz Bernstein.

"Dans l'ensemble, les investisseurs continuent de penser que la politique devrait avoir moins d'impact qu'il y a un an et que la croissance de l'Eurozone devrait atteindre 3% cette année", écrit-il. "Le contexte économique plus solide et la pentification de la courbe obligataire devraient soutenir la performance à venir des grandes entreprises et des banques européennes."

L'euro, tiraillé entre les nouvelles venues d'Italie et celles arrivées d'Allemagne, progresse légèrement, autour de 1,233 dollar.

Angela Merkel a salué la décision des adhérents du Parti social-démocrate allemand (SPD) d'approuver la formation d'une coalition avec les conservateurs de la CDU/CSU, son camp, et a souhaité que le nouveau gouvernement puisse se mettre rapidement au travail.

AXA BAISSE APRÈS LE RACHAT DE L'AMÉRICAIN XL

Sur le marché des dettes souveraines, le rendement des emprunts d'Etat italiens à 10 ans a pris jusqu'à 7 points de base pour dépasser 2,1%.

Plus anecdotique, le recul du groupe de médias et de publicité Mediaset (-5,53%) après le retour peu convaincant sur la scène électorale de son fondateur, Silvio Berlusconi.

Axa, en repli de 9,7% et au plus bas depuis avril dernier, accuse la plus forte baisse du Stoxx 600 après l'annonce du rachat de l'assureur américain XL Group pour 12,4 milliards d'euros, un prix jugé élevé par plusieurs analystes.

A la hausse, Siltronic, spécialiste allemand des "wafers", les galettes de silicium servant à la fabrication des semi-conducteurs, a bondi de 7,62% après ses résultats annuels définitifs et l'annonce du paiement de son premier dividende. Dans son sillage, son compatriote Dialog Semiconductor a pris 7,08%.

Ces deux titres ont tiré vers le haut l'indice Stoxx des valeurs technologiques qui a gagné 2,51%, la plus forte progression sectorielle en Europe.

Sur le marché des devises, le dollar reprend un peu de terrain face à un panier de devises de référence, effaçant une petite partie des pertes subies jeudi et vendredi face à la perspective de tensions commerciales internationales.

Les cours du pétrole, eux, sont repartis nettement à la hausse après une réunion entre représentants de l'Opep et du secteur américain du pétrole de schiste à Houston, qui nourrit l'espoir d'efforts coordonnées pour désengorger le marché mondial.

(Édité par Bertrand Boucey)