L'Europe finit en légère hausse avant le week-end de Pâques

par Juliette Rouillon

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont terminé en légère hausse, à l'exception de la Bourse de Londres, soutenues par la faiblesse de l'euro et des rachats de positions à découvert avant le long week-end de Pâques qui ont contrebalancé des enquêtes d'activité auprès des directeurs d'achats inférieurs aux attentes en zone euro.

L'euro, déjà affaibli en matinée par les PMI européens, a perdu encore du terrain en début d'après-midi face au dollar après la publication de ventes au détail et d'inscriptions au chômage bien meilleures que prévu aux Etats-Unis.

À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en hausse de 0,31% à 5.580,38 points, son plus haut niveau de clôture depuis le 22 mai. Le Footsie britannique a cédé 0,15% alors que le Dax allemand a pris 0,57%.

Nicolas Chéron, responsable de la recherche marchés pour Binck.fr, souligne que le CAC 40 a été soutenu par un phénomène technique, à savoir l'échéance mensuelle sur les contrats futures, actions et options.

"Habituellement le troisième vendredi du mois, la séance des trois sorcières a été déplacée à ce jeudi pour raison de Week end de Pâques et marchés fermés vendredi", dit-il.

L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 0,62%, le FTSEurofirst 300 de 0,21% et le Stoxx 600 de 0,22% à 390,46 points, au plus haut depuis le 7 août 2018.

Sur la semaine écourtée, le CAC a gagné 1,4% et le Stoxx 600 0,76%.

Les marchés européens seront fermés pour le Vendredi saint et le Lundi de Pâques, tandis que les marchés américains seront fermés vendredi uniquement.

Les marchés ont bien résisté à l'annonce d'un recul de l'activité en zone euro en avril, au lendemain de la décision de Berlin de réduire sa prévision de croissance 2019 pour la deuxième fois en trois mois.

"Il y a tellement de pessimisme en Europe que les données décevantes des PMI n'ont pas provoqué de nouvelle vague de ventes, entraînant des rachats de positions à découvert", explique Giuseppe Sersale, gérant chez Anthilia Capital.

Selon des données publiées cette semaine par Bank of America Merrill Lynch Global Research, les ventes à découvert sur les actions européennes ont été le thème favori des investisseurs en avril pour le deuxième mois d'affilée.

VALEURS

La saison des résultats se poursuit en Europe et anime le marché.

Kering, plus forte baisse du CAC 40, a chuté de 5,04%, le ralentissement de la croissance de Gucci et les difficultés persistantes de Bottega Veneta ayant favorisé des prises de bénéfice après la forte progression du titre qui venait de prendre plus de 52% au cours des six derniers mois.

L'indice européen de la distribution a cédé 0,45% alors que l'automobile (+0,98) a repris la tête des hausses sectorielles, comme la veille, tirée entre autres par Daimler (+2,12%) qui, selon Manager Magazin, vise six milliards d'euros d'économies chez Mercedes-Benz et deux milliards supplémentaires dans sa division poids-lourds Daimler Trucks.

Schneider Electric, plus forte hausse du CAC, a pris 2,72% après avoir publié un chiffre d'affaires trimestriel supérieur aux attentes. Soitec s'est octroyé la plus forte progression du SBF 120 (+10,23%) après des résultats trimestriels bien accueillis.

Ailleurs en Europe, Unilever a gagné 2,87%, plus forte hausse de l'EuroStoxx 50, après avoir annoncé pour le premier trimestre une croissance organique de ses ventes meilleure que prévu. Nestlé, qui a également publié ses ventes trimestrielles, s'est adjugé 0,8%.

Osram Light a reculé de 5,5% à Francfort, plus forte baisse du Stoxx 600, sous le coup d'informations de presse disant que la volonté des fonds américains Bain et Carlyle de racheter le spécialiste de l'éclairage s'émousse.

A WALL STREET

A la clôture en Europe, les grands indices américains sont mitigés, dans un marché volatil, malgré les bons indicateurs économiques du jour. Comme la veille, la Bourse de New York est affaiblie par le secteur de la santé, dans un climat qui reste dominé en outre par la prudence avant le long week-end de Pâques et la publication d'une version expurgée du rapport du procureur spécial Mueller.

Robert Mueller n'a trouvé aucun élément permettant de dire que le président Donald Trump s'est rendu coupable d'obstruction à la justice, a néanmoins déclaré peu avant la clôture européenne l'Attorney General William Barr avant la publication d'une version expurgée du rapport du procureur spécial.

La saison des résultats a continué par ailleurs à animer les marchés et les analystes financiers attendent une baisse de 1,8% du bénéfice trimestriel des entreprises du S&P 500, la première contraction depuis 2016. Sur les 54 sociétés du S&P ayant publié à ce jour, 79,6% d'entre elles ont battu le consensus, selon Refinitiv.

LES INDICATEURS DU JOUR

En zone euro, l'activité des entreprises a reculé en avril, la demande restant déprimée, et les perspectives d'amélioration sont ténues, ont montré les premiers résultats des enquêtes mensuelles d'IHS Markit auprès des directeurs d'achats, qui reflètent entre autres une contraction du secteur manufacturier allemand qui pourrait persister pendant plusieurs mois encore.

Ces indicateurs ont été publiés au lendemain de la décision du gouvernement allemand de revoir en baisse sa prévision de croissance cette année pour la deuxième fois en trois mois, à 0,5% contre 1,0% en janvier, ce qui a refroidi l'enthousiasme déclenché par l'annonce jeudi d'une croissance chinoise supérieure aux attentes au premier trimestre.

Aux Etats-Unis, les ventes au détail de mars publiées avant l'ouverture de Wall Street ont affiché leur plus forte progression mensuelle depuis près d'un an et demi, dopées notamment par les achats de voitures.

De même, le nombre des inscriptions hebdomadaires au chômage sur le marché américain a diminué dans la semaine au 13 avril, à 192.000, son plus bas niveau depuis septembre 1969, contre 197.000 la semaine précédente.

L'activité économique dans le nord-est des Etats-Unis a vu en revanche sa croissance ralentir en avril, selon l'enquête de mensuelle de la Réserve fédérale de Philadelphie ("Philly Fed").

CHANGES

L'euro recule de 0,5% face au dollar, à 1,124 dollar, après les chiffres des PMI flash allemands et en zone euro et les bons indicateurs américains.

L'indice dollar, qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence, en profite pour prendre 0,38%.

De son côté, la livre sterling recule de 0,4% face au dollar, l'annonce d'un rebond inattendu des ventes au détail britanniques en mars n'ayant que brièvement permis à la devise britannique d'atténuer ses pertes.

TAUX

Les signes de ralentissement de l'activité en Europe ont pénalisé les rendements des emprunts d'Etat de la région. Le 10 ans allemand a reculé de plus de trois points de base, à 0,023%, s'éloignant nettement du pic d'un mois touché la veille au-dessus de 0,1%.

Le rendement de l'OAT française à 10 ans est tombé à 0,367%, en baisse de six points de base.

Le rendement des Treasuries à dix ans recule, autour de 2,561%, poursuivant le repli entamé mercredi après un pic de quatre semaines à 2,614%.

PÉTROLE

Les cours du brut se sont stabilisés, l'impact d'une baisse des exportations de l'Arabie saoudite et d'une contraction inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis ayant été éclipsé par la fermeté du dollar et le repli des actions.

Le Brent est pratiquement inchangé à 71,60 dollars le baril, près de son pic plus haut de cinq mois à 72,27 dollars atteint mercredi, et le brut léger américain recule de 0,3% à 63,53 dollars.

(Édité par Blandine Hénault)