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L'Europe finit dans le vert après le vote européen, tensions en Italie

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Hormis Milan, les principales Bourses européennes ont clôturé en hausse lundi au terme d'une séance essentiellement animée, en l'absence de Wall Street, par le projet de rapprochement entre Renault et Fiat Chrysler Automobiles et le résultat jugé rassurant des élections européennes, même si des tensions ont été perceptibles en Italie.

À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,37% à 5.336,19 points et le Dax allemand a gagné 0,5%.

L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,4%, le FTSEurofirst 300 s'est adjugé 0,23% et le Stoxx 600 a gagné 0,22%.

La Bourse de Londres est restée fermée ce lundi, férié au Royaume-Uni pour le "Spring Bank Holiday". Les investisseurs américains sont eux aussi en week-end prolongé pour le "Memorial Day".

Les résultats des scrutins européens dans les 28 pays de l'Union sont marqués à la fois par une nette hausse de la participation, une progression du vote d'extrême droite, notamment en Italie, et une fragmentation accrue du camp favorable à la construction européenne mais ce dernier devrait néanmoins contrôler deux tiers environ du Parlement européen.

"Ce résultat était largement intégré dans les cours et aide les marchés d'actions en Europe à poursuivre leur reprise de vendredi", commente Antoine Lesné, responsable de la recherche et de la stratégie de SPDR.

"Si nous observons désormais un Parlement plus équilibré, le degré élevé de fragmentation et la hausse des partis eurosceptiques pourraient ralentir les besoins de réformes de l'Union européenne et de la zone euro. Il s'agit d'un problème important quand la région a besoin d'une voix plus forte dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre les Etats-Unis et la Chine qui devraient continuer de dominer l'actualité des marchés", souligne-t-il néanmoins.

En Italie, le succès de la Ligue dirigée par Matteo Salvini aux élections européennes organisées dans le pays a créé lundi un regain de tensions. Le vice-président du Conseil a estimé que sa large victoire lui donnait mandat pour renégocier les règles budgétaires de l'UE afin de baisser les impôts des contribuables italiens sans dépasser le niveau de déficit autorisé dans la zone euro.

Dans la foulée, deux responsables de la zone euro ont indiqué que la Commission européenne devrait lancer le 5 juin des mesures disciplinaires contre l'Italie en raison de la hausse de son endettement public qui enfreint les règles communautaires.

Cela a poussé les investisseurs à délaisser les actifs italiens : les rendements obligataires du pays ont grimpé et la Bourse de Milan a fini dans le rouge (-0,06%).

VALEURS

Les tensions autour de l'Italie ont notamment pénalisé les valeurs bancaires italiennes dont l'indice Footsie a perdu 1,32%. Unicredit a cédé 2,28%, Banco BPM 2,39% et Ubi Banca 2,36%.

Les vedettes du jour ont été Renault et Fiat Chrysler Automobiles après l'annonce de leur projet de rapprochement, qui créerait le troisième constructeur mondial par la production.

Le titre du constructeur français a bondi de 12,09%, sa plus forte hausse en une séance depuis août 2009, et celui de l'italien a grimpé de 7,98%.

Les deux titres ont dopé l'indice Stoxx européen du secteur, qui a pris 1,43%, de loin la meilleure performance sectorielle du jour pour l'instant. PSA, un temps donné comme un partenaire potentiel de Fiat Chrysler, a cédé toutefois 3,25%.

CHANGES

L'euro a monté jusqu'à 1,1215 dollar en séance à la suite des résultats des élections européennes, un plus haut de dix jours, pour ensuite retomber autour de 1,1190.

Pour Nadège Dufossé, responsable de l'allocation d'actifs chez Candriam, l'issue du scrutin européen a un effet neutre sur l'euro. L'absence de raz-de-marée populiste et la possibilité d'avoir un président allemand à la tête de la BCE sont des facteurs positifs pour la monnaie unique mais les risques pesant notamment sur le Brexit et sur l'Italie ont au contraire un effet négatif.

De son côté, la livre sterling EURGBP=> reste sous pression alors que le Royaume-Uni semble encore plus divisé après la victoire du Parti du Brexit de Nigel Farage aux élections européennes organisées dans le pays.

TAUX En l'absence du marché obligataire américain, les rendements des emprunts d'Etat de la zone euro ont reculé, avec des plus bas records pour les taux portugais et espagnols, à l'exception notable toutefois de ceux de l'Italie.

Le taux des obligations souveraines italiennes à dix ans a ainsi grimpé de plus de treize points de base, à 2,682%, sur fond de conflit réactivé sur le budget entre Rome et Bruxelles.

A noter par ailleurs que les rendements des emprunts d'Etats grecs ont quant à eux chuté après l'annonce d'élections législatives anticipées dans le pays à la suite de la défaite du parti Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras aux élections européennes.

Le taux grec à dix ans est brièvement tombé à 3%, un niveau sans précédent, avant de revenir autour de 3,17%, en baisse de 20 points de base. De son côté, la Bourse d'Athènes a grimpé de 6,09%.

PÉTROLE

Les cours du brut sont orientés en hausse, soutenus par les tensions au Moyen-Orient et les réductions de production entreprises par l'Opep, même si les tensions commerciales et les craintes sur l'économie mondiale limitent leur progression.

Le Brent gagne 1,6% à 69,80 dollars et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) avance de 0,5% à 58,90 dollars.

A SUIVRE MARDI :

Outre le retour des investisseurs américains, la séance sera animée par plusieurs statistiques, avec notamment les indices du climat des affaires et du sentiment économique en zone euro (09h00 GMT) et l'indice de confiance du consommateur du Conference Board (14h00 GMT)

(Édité par Marc Joanny)