L'Europe finit dans le rouge, la BCE pèse sur la tendance

PARIS (Reuters) - Après trois séances consécutives de hausse, les Bourses européennes ont terminé en baisse dans le sillage de Wall Street, affectées par le ton prudent du compte rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale et par les difficultés politiques de Donald Trump, alors que le compte rendu de la réunion de juillet de la Banque centrale européenne témoigne de l'inquiétude de ses responsables sur le niveau de l'euro.

À Paris, l'indice CAC 40 a reculé de 0,57% (-29,76 points) à 5.146,85 points. Le Footsie britannique a perdu 0,61% et le Dax allemand 0,49%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,65%, le FTSEurofirst 300 0,59% et le Stoxx 600 0,59% également.

La BCE a exprimé lors de sa réunion du 20 juillet sa crainte d'une hausse excessive de l'euro qui annulerait les effets bénéfiques de sa politique monétaire accommodante. Conscient de ce risque, elle a décidé de ne pas modifier son engagement à poursuivre sa politique de soutien à l'économie.

L'euro a baissé après la publication de ces "minutes" de la BCE, touchant brièvement un plus bas de trois semaines face au dollar. La monnaie unique perdait 0,2% face au dollar et au sterling à la clôture.

"Ce compte rendu met en lumière la difficulté de la BCE à communiquer sur une amélioration de la situation économique, tout en limitant le resserrement des conditions financières sur les marchés, et notamment l'euro", observe Valentin Bissat, économiste chez Mirabaud Asset Management.

Aux Etats-Unis, les responsables de la Réserve fédérale sont de plus en plus préoccupés par la faiblesse de l'inflation et certains ont appelé à interrompre la hausse des taux tant qu'il n'y aurait pas de signes clairs que la tendance est passagère, selon le compte rendu de la dernière réunion publié mercredi.

Dans ce contexte, les investisseurs seront très attentifs à l'intervention à 17h00 GMT de Robert Kaplan, directeur de la Fed de Dallas, sur les répercussions éventuelles que peut avoir la faiblesse de l'inflation sur l'évolution des taux.

Les déboires politiques de Donald Trump jouent aussi sur les indices actions et le dollar. Wall Street perdait entre 0,6% et 0,9% à la clôture en Europe.

Le président américain a démantelé deux commissions formées de dirigeants de grandes entreprises, dont certains avaient démissionné pour protester contre sa réaction aux violences lors d'un rassemblement de l'extrême droite à Charlottesville, en Virginie.

La position de Trump, renvoyant dos à dos extrémistes de droite et contre-manifestants, ébranle l'administration américaine.

Le dollar a réduit ses gains après des rumeurs circulant sur Twitter de démission de Gary Cohn, le conseiller économique la Maison blanche, rumeurs que celle-ci a formellement démenties. Le dollar prend 0,1% face à un panier de devises de référence.

"Ce serait préoccupant si Gary Cohn décidait de se mettre à l'abri comme l'ont fait de nombreux PDG car il serait très difficile de faire avancer les réformes en faveur de la croissance [promises par Trump lors de la campagne]", déclare Art Hogan, chargé de la stratégie chez Wunderlich Securities.

Sur la plan sectoriel européen, le compartiment des banques (-1,56%), généralement soutenu par la perspective d'une hausse des taux d'intérêt, a été pénalisé par la retenue de la Fed, contrairement au secteur des utilities (+0,3%).

A Paris, Société générale a signé la plus forte baisse du CAC 40, (-2,32%). Crédit agricole a reculé de 1,97% et BNP Paribas de 1,55%.

A l'inverse, Veolia a gagné 1%.

Le britannique Kingfisher a reculé de plus de 4% après avoir annoncé une nouvelle baisse de ses ventes trimestrielles, imputable notamment à un marché faible en France.

Les cours du pétroles repartent à la hausse sur des anticipations d'une importante diminution des réserves de brut du terminal de Cushing (Oklahoma).

(Laetitia Volga, édité par Juliette Rouillon)