L'Europe finit dans le désordre sur fond d'incertitudes

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont terminé vendredi dans le désordre une séance marquée par la publication des chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, moins bons que prévu mais indiquant une progression plus forte qu'attendu des salaires, dans un climat obscurci par les incertitudes politiques en Espagne et au Royaume-Uni.

La statistique américaine de l'emploi a fait grimper le dollar et les rendements obligataires en renforçant la probabilité d'un nouveau relèvement des taux par la Réserve fédérale en décembre.

La Bourse de Francfort s'est retournée à la baisse et celle de Paris a creusé ses pertes après la publication de cet indicateur, Londres parvenant à se maintenir dans le vert grâce à un net repli de la livre sterling face au dollar comme à l'euro.

Le sterling souffre de la vigueur du dollar mais aussi des inquiétudes politiques en Grande-Bretagne, où des voix s'élèvent pour réclamer la démission de Theresa May après le discours jugé catastrophique prononcé mercredi par la Première ministre britannique.

À Paris, l'indice CAC 40 a perdu 0,36% (19,31 points) à 5.359,90 et à Francfort, le Dax a cédé 0,09%. Le FTSE a Londres a fini en hausse de 0,2%.

L'EuroStoxx 50 de la zone euro a reculé de 0,28%, le FTSEurofirst 300 et le Stox 600 abandonnant chacun 0,4%.

La Bourse de Madrid a reculé de son côté de 0,29%, pénalisée à nouveau par le secteur bancaire en raison des tensions autour de la Catalogne. La banque catalane Banco de Sabadell (SABE. MC) a cédé 1,9%, le repli le plus marqué de l'indice IBEX 35.

Sur l'ensemble de la semaine, le CAC 40 a pris 0,56%, le Dax 0,99%, le FTSE 2,03% et le Stoxx 600 0,31%.

TF1 GRIMPE À PARIS

Aux valeurs à Paris, TF1 (+4,83%) a terminé en tête du SBF 120 après une note positive de Mainfirst, favorable également pour M6 (+1,62%).

Toujours à Paris, Renault a pris 0,5% après avoir présenté son nouveau plan stratégique sur six ans au terme duquel le constructeur compte porter ses volumes de ventes à cinq millions d'unités en accélérant dans les pays émergents et en appliquant aux véhicules électriques et hybrides l'approche "low cost" qui a fait son succès.

La plus forte hausse du CAC est pour AccorHotels (+1,22%), favorisé par un relèvement d'objectif de cours par Barclays.

A la baisse, le secteur du luxe a souffert avec un recul de 1,62% pour LVMH, la plus forte baisse de l'indice parisien, et de 0,84% pour Kering.

Sur le front du pétrole, les cours du brut reculent de près de 3% avec le retour des craintes concernant la surabondance de l'offre mondiale.

A l'heure de la clôture en Europe, les indices de Wall Street évoluent en légère baisse, réagissant avec modération aux chiffres mensuels de l'emploi.

L'économie américaine a détruit des emplois au mois de septembre pour la première fois en sept ans en raison des perturbations provoquées par les ouragans Harvey et Irma mais le taux de chômage a reculé et la hausse des salaires a accéléré, confortant le scénario d'une hausse de taux directeurs par la Réserve fédérale en décembre.

"Le chiffre principal est bien plus mauvais que le consensus mais ça n'a pas d'importance", commente Naeem Aslam, analyste marchés de ThinkMarkets.

"Le chiffre des salaires est positif et les traders lui accordent beaucoup d'importance parce qu'il montre que le marché du travail se renforce. Les salaires en hausse signalent une augmentation des dépenses de consommation".

Portés à des niveaux records avec l'amélioration de la conjoncture économique, les marchés d'actions risquent maintenant d'être tiraillés entre le soutien attendu de la nouvelle saison de résultats trimestriels qui s'ouvre la semaine prochaine et la pression résultant d'une montée des tensions politiques.

(édité par Wilfrid Exbrayat)