L'Europe finit dans le désordre avant le vote de défiance contre May

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - A l'exception du Footsie à Londres, les Bourses européennes ont terminé en hausse mercredi au lendemain du rejet par les parlementaires britanniques de l'accord sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne (UE) qui pourrait ouvrir la voie à un Brexit assoupli.

À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,51% à 4.810,74 points et le Dax allemand de 0,36%. Toutefois, le Footsie britannique a cédé 0,47%, pénalisé notamment par ses valeurs exportatrices et des annonces d'entreprises mal accueillies.

L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,3%, le FTSEurofirst 300 a gagné 0,3% et le Stoxx 600 a pris 0,54%.

Theresa May tentait mercredi de faire émerger une solution de compromis sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne au lendemain de sa défaite sévère au Parlement de Westminster, qui a rejeté à une écrasante majorité (432 voix contre 202) l'accord de Brexit qu'elle avait négocié avec Bruxelles.

La Première ministre britannique devrait sortir victorieuse du nouveau vote de défiance prévu à 19h00 GMT alors que les frondeurs conservateurs et les unionistes nord-irlandais du DUP se sont dit prêts à la soutenir.

"Les marchés semblent avoir intégré dans les cours une probabilité plus grande d'avoir un 'Brexit doux' (soft Brexit)", explique Azad Zangana, économiste et chargé de stratégie chez Schroders. "Toutefois, nous pensons que les investisseurs s'emballent un peu trop".

Les investisseurs prendront connaissance également, à 19h00 GMT, du Livre beige de la Réserve fédérale sur la conjoncture économique aux Etats-Unis.

VALEURS

La baisse du Footsie s'explique notamment par le repli des valeurs de l'énergie comme Royal Dutch Shell (-1,9%) et BP (-1,3%).

Le groupe Pearson a perdu près de 6%, deuxième plus forte baisse du Stoxx, les analystes estimant que les économies supplémentaires annoncées par l'éditeur masquent des performances médiocres.

Important contributeur à la baisse du FTSE, Reckitt Benckiser a cédé 4,19% après avoir annoncé que son patron prendrait sa retraite cette année, ouvrant la voie à un changement de stratégie ou à une scission de la société, selon des analystes.

Le secteur bancaire a accru ses gains (+2,51%), soutenu par les résultats trimestriels meilleurs que prévu de Goldman Sachs et de Bank of America aux Etats-Unis.

La tendance a été grandement nourrie par le bond de 8,39% de Deutsche Bank, qui a réagi à une information de Bloomberg selon laquelle la Banque centrale européenne (BCE) préfèrerait une fusion avec une banque européenne autre que Commerzbank (+7,42%). De fait, selon une source au fait du dossier, les régulateurs sont sceptiques quant à un rapprochement entre les deux premières banques allemandes.

A Paris, Société Générale (+4,15%), Crédit Agricole (+3,92%) et BNP Paribas (+3,32%) ont signé les trois plus fortes hausses du CAC 40.

A WALL STREET

A l'heure de la clôture en Europe, Goldman Sachs prenait la tête du Dow Jones (+8,25%), s'acheminant vers sa plus forte progression depuis mars 2012, après avoir annoncé des revenus de trading en hausse au quatrième trimestre.

Bank of America, la deuxième banque américaine, gagnait 7,46% en raison d'un bénéfice trimestriel en hausse plus marquée que prévu.

Le secteur bancaire prenait plus de 2%, permettant aux trois indices de Wall Street d'évoluer en hausse, avec des gains variant de 0,2% à 0,5%.

CHANGES

La perspective d'un Brexit adouci, voire d'un report de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, profite à la livre qui évolue à un niveau proche de son plus haut de deux mois face au dollar.

"Une chose semble claire: l'accord sur lequel les parlementaires ont voté est maintenant mort. Je doute qu'ils puissent faire quelques ajustements et le sauver", a déclaré Richard Falkenhall, responsable de la stratégie changes chez SEB. "Il faut rechercher des alternatives: en l'absence de soutien au Parlement à un Brexit sans accord, on se retrouve donc avec un Brexit plus doux, voire un deuxième référendum", a-t-il ajouté.

Adam Cole, responsable de la stratégie change chez RBC, appuie cette deuxième option. Selon lui, si l'opposition travailliste perd le vote de défiance comme on le pense, elle pourrait se concentrer davantage sur un deuxième référendum.

Le dollar est stable face à un panier de devises de référence et l'euro évolue au-dessus de 1,14.

TAUX

Le large rejet par les députés britanniques de l'accord de Brexit a fait grimper le rendement du gilt à 10 ans à un pic de plus d'un mois de 1,341%.

La tendance est aussi haussière sur les rendements des Treasuries et du Bund à dix ans, tandis que les rendements des pays européens dits périphériques, comme l'Espagne, l'Italie et le Portugal, étaient pour leur part orientés à la baisse.

LES INDICATEURS DU JOUR

Avec le début des résultats trimestriels, Wall Street n'a pas réagi à la baisse plus forte que prévu des prix à l'importation.

En Europe, le taux d'inflation britannique a sans surprise décéléré à 2,1% en décembre tandis que le taux d'inflation allemand a été confirmé à 1,7% sur la même période.

PÉTROLE

Les cours du Brent grimpent au-dessus de 61 dollars et le brut léger américain (WTI) est à 52 dollars après l'annonce d'une baisse plus forte que prévu des stocks américains de brut la semaine dernière, selon les chiffres de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).

(Avec Kate Duguid à New York, édité par Wilfrid Exbrayat)