L'Europe a décroché avec Wall Street et l'enquête russe aux USA

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont décroché vendredi en toute fin de séance dans le sillage de Wall Street, plombée par des informations selon lesquelles Michael Flynn, éphémère conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, pourrait mettre en cause le président américain dans le cadre de l'enquête sur les soupçons d'ingérence russe dans la dernière campagne présidentielle aux Etats-Unis.

Ces informations ont aussi fait chuter les rendements obligataires américains et le dollar, mais les dernières nouvelles sur le vote attendu des sénateurs aux Etats-Unis sur un projet de réforme fiscale ont permis d'atténuer le repli.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,04% à 5.316,89 points. Il accuse un repli de 1,36% sur la semaine.

Le Footsie britannique, qui profitait en cours de séance de la baisse de la livre sterling, a finalement perdu 0,36%. A Francfort, le Dax allemand a reculé de 1,25%.

L'indice EuroStoxx 50 a lâché 1,19%, le FTSEurofirst 300 a cédé 0,74% et le Stoxx 600 a abandonné 0,7%.

A Wall Street, les trois indices boursiers, qui évoluaient autour de l'équilibre, ont chuté après les informations diffusées par ABC News.

Michael Flynn a plaidé coupable vendredi d'avoir menti au FBI dans le cadre de l'enquête sur une possible ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine et d'une collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump.

ABC News rapporte en outre que l'ancien général, poussé à la démission en février dernier après avoir dissimulé le contenu de ses discussions avec l'ambassadeur russe à Washington, aurait promis de "coopérer pleinement" avec les enquêteurs et serait prêt à témoigner que Donald Trump "lui a donné instruction d'entrer en contact avec les Russes".

La Maison Blanche a rapidement réagi en assurant que personne d'autres que Michael Flynn n'était impliqué dans le plaider coupable de l'ancien conseiller de Donald Trump.

Vers 17h30 GMT, le Dow Jones cède 0,55%, le S&P 500 se replie de 0,68% et le Nasdaq chute de 1,04%.

EN ATTENDANT LE VOTE DU SÉNAT SUR LE RÉFORME FISCALE

Sur le marché obligataire, le rendement des Treasuries à 10 ans, qui était stable avant la parution des informations sur Michael Flynn, a décroché et perdait sept points de base, à 2,345%. Il était tombé auparavant jusqu'à 2,315%.

Dans la foulée, le dollar s'est orienté en nette baisse : il perdait 0,26% face à un panier de référence, dont un repli de 0,6% face au yen.

Le plaider coupable de Michael Flynn et les informations d'ABC News ont pris par surprise le marché, qui était suspendu aux avancées sur le projet de réforme fiscale débattu actuellement au Sénat américain.

Les sénateurs ont reporté jeudi soir le vote sur le texte présenté par les républicains à ce vendredi, un amendement proposé par des tenants de la rigueur budgétaire ayant bloqué la procédure législative.

Le numéro 2 des républicains au Sénat des Etats-Unis, John Cornyn, s'est dit confiant vendredi dans la capacité de son parti à rassembler les 50 voix nécessaires à l'adoption d'un projet de baisse des impôts et a ajouté qu'un vote pourrait intervenir dans la soirée.

Un autre chef de file des sénateurs républicains, Mitch McConnell, a affirmé que le parti avait obtenu les voix pour faire passer le projet de réforme fiscale.

Ces éléments ont permis de freiner le repli des indices boursiers américains, le S&P 500 ayant perdu jusqu'à plus de 1%.

LES BANQUES ET L'AUTOMOBILE SOUS PRESSION, LE PÉTROLE GRIMPE

Aux valeurs, le secteur bancaire reste néanmoins pénalisé par les doutes entourant la présidence de Trump après les révélations sur Michael Flynn.

Le compartiment financier recule de 0,7% à Wall Street et l'indice Stoxx 600 des banques a perdu 1,11% en Europe.

Le secteur technologique, déjà victime cette semaine de prises de bénéfices, est de nouveau délaissé. A Wall Street, le secteur perd 1,2% et l'indice Stoxx 600 du compartiment européen a perdu 1,58%. A Paris, STMicroelectronics a notamment cédé 3,49%.

La plus forte baisse sectorielle en Europe revient toutefois à l'automobile (-1,88%), qui a souffert de prises de bénéfices alors que le compartiment figure parmi les plus fortes progressions en Europe cette année.

Peugeot (-2,73%) a notamment été pénalisé par la dégradation du conseil de Citigroup, passé à la vente en arguant des difficultés prévisibles liées au redressement d'Opel.

Valeo et Renault ont aussi perdu respectivement 2,75% et 2,55%.

De son côté, Carrefour (+1,08%) est parvenu à surnager, soutenu par des informations de presse évoquant une alliance avec Fnac Darty dans les achats. Le titre Fnac Darty a bondi de 3,89%.

Les valeurs pétrolières ont pour leur part profité de l'envolée des cours du pétrole, au lendemain de l'accord conclu à Vienne pour prolonger jusqu'à fin 2018 l'encadrement de l'offre des pays de l'Opep et d'autres grands producteurs.

L'indice Stoxx 600 du secteur pétrole et gaz a gagné 0,2%. A Wall Street, le compartiment de l'énergie (+0,78%) est l'unique secteur en hausse.

Sur le marché pétrolier, les cours du baril grimpent de près de 2% .

(édité par Bertrand Boucey)