L'Europe clôture en baisse avant la Fed, le pétrole en soutien

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en baisse mercredi, la prudence dominant sur les marchés en amont des décisions de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) et de la présentation probable par l'administration Trump de barrières douanières sur les produits chinois.

À Paris, le CAC 40 a terminé en repli de 0,24% à 5.239,74 points. Le Footsie britannique a perdu 0,32% quand le Dax allemand a fini pratiquement inchangé (+0,01%).

L'indice EuroStoxx 50 s'est replié de 0,37%, le FTSEurofirst 300 de 0,16% et le Stoxx 600 de 0,17%.

La forte hausse des cours du pétrole a néanmoins permis de freiner le repli des indices européens en fin de séance.

L'annonce d'une baisse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière a fait bondir les cours de l'or noir, en hausse de plus de 2,5%. Le baril de Brent s'approche ainsi des 70 dollars, seuil qu'il n'a pas franchi depuis début février et le mouvement de correction observé sur les marchés d'actions.

A Wall Street, les trois grands indices de référence s'affichent en hausse à la clôture en Europe, portés par la progression du secteur de l'énergie. Le S&P 500 avance de 0,43%.

UNE NOUVELLE HAUSSE DE TAUX, ET APRÈS ?

Rendez-vous est pris à 18h00 GMT pour la décision du comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed sur ses taux. La banque centrale publiera simultanément ses nouvelles prévisions économiques, avant la première conférence de presse à 18h30 GMT du nouveau président de l'institution, Jerome Powell.

Une nouvelle hausse d'un quart de point des taux des fonds fédéraux ("fed funds") est largement attendue mais les investisseurs seront surtout attentifs aux prévisions de taux de chacun des membres du FOMC - les "dots" - pour tenter d'en savoir plus sur la trajectoire des prochains relèvements à venir.

La Fed a jusqu'ici dit anticiper trois hausses de taux cette année mais les opérateurs de marché n'excluent pas quatre relèvements en 2018 compte tenu de la vigueur de la croissance américaine.

"L'objectif actuel du 'dot chart' est cohérent avec trois hausses de taux, la question est de savoir si cette vue sera changée", indique Stéphane Déo, chez La Banque Postale AM.

Sur le marché obligataire, les rendements des emprunts d'Etat américains sont en hausse, le dix ans revenant au-dessus de 2,9% et le deux ans à près de 2,35%.

CRAINTE DE GUERRE COMMERCIALE

Traditionnellement sensible à la perspective d'une hausse des taux et à la remontée des rendements obligataires, le dollar recule néanmoins de 0,21% face à un panier de devises de référence, après sa forte poussée de la veille.

L'euro reprend 0,19% face au dollar et la livre sterling avance de 0,49%, soutenue en outre par une hausse plus marquée qu'attendu des salaires ces derniers mois au Royaume-Uni.

La faiblesse du billet vert profite aussi à l'or (+1,05%) qui rebondit d'un plus bas de trois semaines.

La devise américaine souffre des craintes de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

Les Etats-Unis pourraient imposer des droits de douane sur les produits chinois de haute technologie afin de régler le conflit entre les deux pays concernant les droits de propriété intellectuelle, a déclaré mercredi le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer.

Une annonce, initialement attendue jeudi, pourrait finalement être repoussée à vendredi, a précisé un responsable de l'administration Trump.

Le Wall Street Journal a indiqué de son côté que la Chine s'apprêtait à prendre des mesures de rétorsion en imposant ses propres barrières douanières.

Parallèlement, des responsables américains et européens ont indiqué mercredi que les Etats-Unis et l'Union européenne s'étaient mis d'accord pour discuter des problématiques liées au commerce, notamment sur l'acier et l'aluminium, sur lesquels les Etats-Unis ont récemment annoncé des droits de douane.

PREMIER TRIMESTRE COMPLIQUÉ POUR DEUTSCHE BANK

Aux valeurs en Europe, Deutsche Bank a chuté de 5,15% après des déclarations de son directeur financier soulignant que les résultats de ses activités de banque d'investissement avaient souffert au cours des premiers mois de l'année.

Credit Suisse a également perdu 3%. Selon Bloomberg, le directeur général, Tidjane Thiam, a indiqué lors d'une conférence à Londres que la banque helvète avait connu un premier trimestre "très confus" en termes de conditions d'activité.

C'est aussi un avertissement sur des conditions d'activité "plus incertaines" au Royaume-Uni qui a fait chuter le britannique Kingfisher (-10,69%).

A l'inverse, Ubisoft a gagné 3,79% en réaction à l'annonce de la sortie de son capital de Vivendi (+0,7%) après des années de bras de fer entre les deux groupes.

Le groupe de luxe Hermès a grimpé de 2,43% pour toucher un plus haut historique, soutenu par l'annonce d'une rentabilité opérationnelle record en 2017 et le versement d'un dividende exceptionnel.

(Édité par Bertrand Boucey)