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L'Europe affectée par la baisse surprise des ventes au détail US

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en baisse vendredi, à l'exception de celle de Londres, en réaction au tassement marqué et inattendu des ventes au détail aux Etats-Unis qui éclipse l'effet positif des négociations commerciales en cours entre Washington et Pékin.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,23% à 5.062,52 points. Le Footsie britannique a gagné 0,2%, soutenu par la baisse de la livre sterling, mais le Dax allemand a perdu 0,69%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,62%, le FTSEurofirst 300 0,21% et le Stoxx 600 0,32%.

Les indices européens, bien orientés en matinée, ont en début d'après-midi subi le contrecoup de ventes au détail américaines qui ont enregistré leur plus forte baisse depuis plus de neuf ans en décembre, ce qui suggère un ralentissement de l'activité économique aux Etats-Unis.

Une autre statistique américaine, celle des prix à la production, a montré qu'ils avaient baissé pour le deuxième mois consécutif en janvier et que leur hausse annuelle était la plus faible depuis un an et demi, témoignant d'une inflation suffisamment discrète pour justifier la politique monétaire prudente de la Réserve fédérale.

"Les ventes au détail remettent en question la vigueur de la consommation américaine, venant justifier le bien fondé d'une pause de la part de la Fed dans le cycle de resserrement monétaire", a déclaré Jon Hill, chargé de stratégie chez BMO Capital Markets.

Certains économistes, surpris par l'ampleur de la baisse des ventes au détail, s'interrogent sur la validité des chiffres.

"Cette publication est une telle aberration, tellement incohérente avec la tendance générale des dépenses de consommation et les données sur les ventes au détail et le crédit à la consommation des fêtes de fin d'année qu'elle éveille des soupçons sur la fiabilité des chiffres", a commenté Ward McCarthy, chef économiste chez Jefferies.

En réaction aux ventes au détail, JPMorgan Chase et Barclays ont sensiblement réduit leur prévision de croissance des Etats-Unis au dernier trimestre de 2018.

Dans ce contexte dégradé, les investisseurs européens se sont éloignés prudemment des actions en dépit de l'optimisme qu'ils expriment quant à la résolution du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, nourri par un article de Bloomberg selon lequel Donald Trump envisage de repousser de 60 jours l'ultimatum fixé à la Chine pour la conclusion d'un accord.

VALEURS

Legrand et Schneider ont enregistré les deux plus fortes hausses du CAC avec des gains respectifs de 7,14% et 3,7%, à la faveur de leurs résultats annuels.

L'action Airbus a gagné 2,68%, le groupe aéronautique ayant fait part de résultats annuels solides et de l'arrêt de son programme de très gros porteur A380.

A Londres, le groupe pharmaceutique AstraZeneca a bondit de 7,48% après des ventes trimestrielles supérieures aux attentes des analystes.

Le secteur bancaire a lui creusé ses pertes (-1,26%), les indicateurs américains du jour ne plaidant pas pour la poursuite de la remontée des taux aux Etats-Unis.

Unibail-Rodamco-Westfield a perdu 5,66% et l'équipementier sportif Puma a enregistré l'une des plus fortes baisses du Stoxx (-6,33%) à la suite de prévisions jugées décevantes pour 2019.

A WALL STREET

A l'heure de la clôture en Europe, les trois indices majeurs de Wall Street sont en baisse entre 0,3% et 0,4%, réagissant eux aussi aux ventes au détail.

L'indice des valeurs financière cède 1,17%. Celui des biens de consommation courante recule de 1,09%, pénalisé par le repli de 7,09% de Coca-Cola en raison d'une prévision de bénéfice annuel bien inférieure aux attentes.

LES INDICATEURS DU JOUR

En sus des ventes au détail et des prix à la production, le nombre des inscriptions au chômage a augmenté contre toute attente la semaine dernière aux Etats-Unis et les stocks des entreprises ont subi en novembre leur contraction la plus marquée depuis huit mois.

CHANGES

Le dollar se stabilise face à un panier de devises de référence, après avoir temporairement réduit ses gains, pénalisé par des statistiques américaines décevantes.

Ce coup de mou momentané du billet vert a permis à l'euro de monter à 1,1310 dollar, un plus haut de séance, avant de revenir à 1,1277.

L'euro reste fragilisé par la stagnation de l'économie allemande au quatrième trimestre 2018 après sa contraction du troisième trimestre.

De son côté, la livre sterling tombe à un creux d'un mois face au dollar et perd près de 0,6% face à l'euro, en raison des inquiétudes concernant le vote, prévu à 17h00 GMT à la Chambre des Communes, sur la stratégie entreprise par Theresa May pour mener le Brexit à bien.

TAUX

Les rendements des emprunts d'Etat ont accentué leurs pertes après les ventes au détail américaines.

Le 10 ans américain recule ainsi de 4 points de base autour de 2,66%.

Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a fini autour de 0,10% contre 0,123% la veille.

PÉTROLE

Les cours du brut ont réduit leur gain , eux aussi à la suite des ventes au détail américaine, mais ils restent soutenus car les traders conservent leur optimisme quant à la résolution du différend commercial entre la Chine et les Etats-Unis.

Le baril de Brent reste au-dessus 64 dollars, après un pic de près de trois mois à 64,81, et le brut léger américain est autour de 54 dollars.

(Avec Chuck Mikolajczak, Édité par Wilfrid Exbrayat)