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Asphyxiée, la Grèce tente d'arracher une nouvelle aide

Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem (à gauche), et le nouveau ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos. L'Eurogroupe va discuter d'un nouveau programme à moyen terme de soutien à la Grèce, mais il attend qu'au préalable Athènes fasse des propositions par écrit, /Photo prise le 7 juillet 2015/REUTERS/Yves Herman

par Julien Ponthus et Renee Maltezou BRUXELLES (Reuters) - Le Premier ministre grec Alexis Tsipras tentait mardi à Bruxelles d'arracher à ses créanciers une nouvelle aide avant que le système bancaire de son pays ne soit asséché, sans présenter dans l'immédiat les propositions de réforme attendues. Dès son arrivée au sommet de la zone euro convoqué en urgence après le "non" des Grecs aux propositions de leurs partenaires européens, Angela Merkel a prévenu que rien ne permettait à ce stade de rouvrir des négociations avec Athènes. La question de la survie financière de la Grèce ne se compte "pas en semaines, mais en jours" a-t-elle dit. "C'est dans la semaine que les décisions doivent être prises", a renchéri François Hollande, qui a demandé à la partie grecque de préciser ses demandes. Les banques grecques sont une nouvelle fois restées fermées mardi et le pays est menacé de manquer très rapidement de liquidités et de ne pas pouvoir faire face à ses prochaines échéances financières. Après s'être rencontrés lundi, Angela Merkel et François Hollande avaient déclaré qu'un accord avec Athènes était encore possible et que la Grèce pouvait échapper à la catastrophe. En Allemagne, les pressions sont fortes pour que la chancelière ne cède pas devant Alexis Tsipras, alors qu'Athènes a exclu les hausses d'impôts, les baisses des retraites, et la réforme du marché du travail qui étaient sur la table avant l'expiration, la semaine dernière, de son programme d'aide. RIEN DE NEUF Malgré un changement de ton évident côté grec avec l'arrivée dans le jeu d'un nouvel acteur, Euclide Tsakalotos, qui a succédé lundi au bouillonnant Yanis Varoufakis aux Finances, les créanciers d'Athènes ont regretté que la Grèce n'ait rien apporté de neuf lors de l'Eurogroupe organisé avant le sommet. "J'ai la très forte impression qu'il y avait 18 ministres des Finances qui sentaient qu'il fallait aller vite et qu'il y en avait un qui ne le sentait pas ainsi", a déclaré le ministre belge des Finances Johan Van Overtveldt. Selon des responsables grecs, le gouvernement est revenu à Bruxelles avec des propositions semblables à celles qu'Alexis Tsipras avait mises sur la table la semaine dernière, peu de temps avant l'organisation du référendum grec de dimanche. Le ministre finlandais des Finances, Alexander Stubb, a déclaré mardi après l'Eurogroupe que la Grèce soumettrait une demande de soutien auprès du Mécanisme européen de stabilité (MES) dans les heures à venir. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, qui préside l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro, a précisé qu'une téléconférence serait organisée mercredi pour examiner cette demande grecque visant à l'octroi d'un programme de soutien à moyen terme. RESTRUCTURATION Reflétant l'exaspération de plusieurs ministres, il a lui aussi souligné que l'Eurogroupe attendait toujours des propositions écrites d'Athènes, ce à quoi un responsable grec à répondu: "Certains disent 'nous n'avons reçu aucune proposition'. Cela veut-il dire 'nous n'avons pas les propositions' ou qu'ils n'aiment pas nos propositions ?" Alexis Tsipras, Angela Merkel, François Hollande et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, se sont vus peu de temps avant l'ouverture du sommet européen. Jean-Claude Juncker a tenté dans la matinée de rallumer les braises des négociations en déclarant devant le Parlement européen que la Commission travaillait à la réouverture des discussions avec Athènes, disant sa volonté de maintenir la Grèce dans la zone euro. Il a toutefois également prévenu que certains, qu'il n'a pas nommés, travaillaient ouvertement ou secrètement à une exclusion de la Grèce de la zone euro. Côté grec, on continue de s'efforcer d'obtenir des créanciers une restructuration de la dette grecque, que le FMI lui-même juge insoutenable et non viable. Sans un nouvel engagement d'un rééchelonnement de la dette grecque, il est peu probable que le FMI ou la Grèce acceptent un nouveau plan d'aide. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a déclaré qu'une réduction du montant de la dette d'un Etat, ce qui est différent d'un rééchelonnement, n'est pas possible dans le cadre des règles européennes en matière d'aide financière. (Avec les rédactions de Bruxelles et Athènes, Nicolas Delame pour le service français, édité par Yves Clarisse)