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L'Eurogroupe salue l'"avancée" de la proposition Paris-Berlin

La proposition franco-allemande d'un budget pour la zone euro serait sans doute une "avancée" importante dans la perspective des réformes censées renforcer le bloc face aux crises et susceptibles de faire l'objet d'un accord global en décembre, a déclaré lundi le président de l'Eurogroupe, Mário Centeno. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Vidal

par Jan Strupczewski et Francesco Guarascio

BRUXELLES (Reuters) - La proposition franco-allemande d'un budget pour la zone euro serait sans doute une "avancée" importante dans la perspective des réformes censées renforcer le bloc face aux crises et susceptibles de faire l'objet d'un accord global en décembre, a déclaré lundi le président de l'Eurogroupe, organe regroupant les ministres des Finances de la zone euro.

Mais l'Italie a rapidement pris ses distances avec cette proposition sur laquelle la France et l'Allemagne - les deux plus grandes économies de la zone euro - sont tombées d'accord vendredi et qui vise à financer l'investissement et les réformes permettant une plus grande convergence au sein de la zone euro.

Les ministres des Finances de l'Union européenne, à l'exception de celui de la Grande-Bretagne, ce pays devant quitter l'Union en mars, étudieront la proposition lundi.

"La contribution de la France et de l'Allemagne au budget de la zone euro sera un thème important de la discussion aujourd'hui", a dit le ministre portugais Mário Centeno, qui préside l'Eurogroupe. "C'est une contribution très importante; cela pourrait être en soi une avancée vers décembre".

La proposition franco-allemande dispose que le budget de la zone euro ne serait ouvert qu'aux pays qui respectent les règles de l'UE en matière de déficit et de dette.

L'Italie, en confrontation directe avec Bruxelles et l'Eurogroupe sur son projet de budget de 2019, rejeté précisément parce qu'en infraction avec les règles communautaires, a été prompte à fustiger cette proposition.

"Si, comme il le semble, elle nuit à l'Italie, elle n'aura jamais notre soutien", a déclaré à la presse à Milan le vice-président du Conseil Matteo Salvini.

LA TAILLE DU BUDGET DÉCIDÉE AU PLUS HAUT NIVEAU

Ce budget commun aurait surtout pour but de renforcer la convergence et de soutenir les réformes "en particulier en co-finançant les dépenses publiques de soutien à la croissance comme les investissements, la recherche-développement, l'innovation et le capital humain".

Quant au rôle d'investissement du budget, il est l'un parmi tant d'autres évoqué avec pour finalité de stabiliser la zone euro durant les périodes de récession ou de crise; il est probable que la discussion évoluera sur d'autres aspects financiers du budget, tels les crédits-relais ou le principe d'une réassurance des assurances chômage nationales.

La gestion du budget proprement dite est un compromis entre ceux qui veulent qu'elle ne dépende que des pays de la zone euro et la Commission européenne qui voudrait l'intégrer au budget de l'Union européenne, dont elle assure la gestion.

Paris et Berlin proposent une gestion partagée de l'enveloppe budgétaire, remplie par des taxes ad hoc et des contributions de chaque Etat membre; les pays prépareraient les plans d'investissement à court terme et la Commission les examinerait avant de les approuver.

Pour ce qui est du point controversé du montant de ce budget, il est laissé à l'appréciation des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE.

Les ministres des Finances discuteront aussi ce lundi des dispositions susceptibles de faciliter la restructuration de la dette souveraine en zone euro; dans cette optique le rôle du Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de renflouement de la zone euro, sera également passé en revue.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)