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L'euro est désormais à son bon niveau, estime François Hollande

L'euro est désormais au bon niveau face au dollar américain, a estimé jeudi François Hollande, après une accélération de la baisse de la devise européenne ces derniers jours. L'euro est tombé jeudi à son plus bas niveau depuis 12 ans, sous 1,05 dollar. /Photo prise le 12 mars 2015/REUTERS/Stoyan Nenov

VEYRINS-THUELLIN, Isère (Reuters) - L'euro est désormais au bon niveau face au dollar américain, a déclaré jeudi François Hollande, après une accélération de la baisse de la devise européenne ces derniers jours.

Le président français a écarté d'éventuels risques liés à ce recul rapide et insisté sur l'impact positif pour l'économie française.

"Il y aura un effet favorable pour l'activité avec un euro qui est maintenant à sa bonne parité", a-t-il dit lors de la visite d'un site du groupe Poma, spécialisé dans le transport de voyageurs par câble, en Isère.

L'euro est tombé jeudi à son plus bas niveau depuis 12 ans, sous 1,05 dollar, à la faveur du lancement cette semaine du programme d'assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne, avant de se reprendre légèrement.

"La BCE pris des décisions courageuses, audacieuses et responsables", a commenté François Hollande, en invitant les banques françaises à "relayer ce mouvement" en prêtant davantage.

Interrogé sur d'éventuelles difficultés liées à ce recul rapide de l'euro, il a répondu : "Non, je pense que quand l'euro a été créé il était quasiment à un dollar."

"Un dollar pour un euro, un euro pour un dollar, nous sommes pratiquement à ce niveau et je crois que ça permet au moins d'avoir les idées claires : un euro égale un dollar", a-t-il dit.

La devise européenne a perdu près de 5% depuis vendredi, portant la baisse à plus de 12% depuis janvier et plus de 24% depuis son plus haut niveau de 2014.

Une accélération ces derniers jours que les 9,8 milliards d'euros d'achats d'obligations réalisés entre lundi et mercredi soir par les banques centrales de la zone euro n'expliquent qu'en partie, les conséquences des bonnes statistiques américaines sur l'anticipation du calendrier du relèvement des taux de la banque centrale américaine pesant elles aussi.

ACCÉLÉRATION DE LA BAISSE

Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, a estimé jeudi que la baisse de l'euro s'expliquait par la divergence des politiques monétaires entre la zone euro et les Etats-Unis.

"Il y a sans doute une évolution supplémentaire au cours des derniers jours qui est liée a l'apprentissage par le marché, par les différents segments du marché, de l'impact des achats d'actifs qui n'ont commencé que lundi", a-t-il ajouté.

"Ça, c'est une phase transitoire, le marché est en train d'apprendre", a-t-il poursuivi, sans clairement laisser entendre qu'il jugeait excessive l'accélération de la baisse de l'euro.

Le gouverneur de la Bundesbank, Jens Weidmann, a quant à lui déclaré jeudi que la politique monétaire de la BCE ne visait pas à faire baisser l'euro.

Selon les économistes, l'impact conjugué de la baisse de l'euro, des taux et des prix pétrole et le redémarrage de l'activité dans certains pays de la zone euro, devrait favoriser la reprise de l'économie française au premier trimestre.

La prévision de croissance du gouvernement pour l'ensemble de l'année 2015, soit 1%, n'apparaît plus trop optimiste, estiment désormais nombre d'entre eux.

Cependant, a prévenu Benoît Coeuré, la reprise actuelle en Europe doit être consolidée par des réformes.

"Attention, c'est une reprise cyclique. Ce qui tire principalement cette reprise, c'est le bas prix du pétrole, ça peut durer longtemps, ça peut aussi ne pas durer longtemps donc ne capitalisons pas tout sur une reprise qui est de nature cyclique", a-t-il déclaré.

"C'est vraiment une occasion de transformer l'essai", a-t-il poursuivi. La politique monétaire aide les pays qui se réforment, tandis que "les pays qui ne font pas de réformes bénéficieront moins de l'impact de ce que fait la Banque centrale européenne", a-t-il ajouté.

(Julien Ponthus en Isère et Jean-Baptiste Vey à Paris, édité par Yves Clarisse)