L'Etat recapitalisera EDF si nécessaire, dit Emmanuel Macron

lors d'un déplacement à la centrale nucléaire de Civaux, dans la Vienne, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a estimé jeudi que renoncer au projet de centrale nucléaire d'Hinkley Point serait "une erreur" et annoncé que l'Etat français recapitaliserait EDF si nécessaire. /Photo prise le 17 mars 2016/REUTERS/Stéphane Mahé

CIVAUX, Vienne (Reuters) - L'Etat français souhaite qu'EDF lance le projet de centrale nucléaire d'Hinkley Point et recapitalisera l'électricien public si nécessaire, a déclaré jeudi Emmanuel Macron. Le PDG d'EDF avait indiqué la semaine dernière aux salariés que le groupe ne s'engagerait définitivement dans la construction de deux réacteurs de type EPR à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre, que si l'Etat sécurisait sa situation financière. "Ne pas faire Hinkley Point serait une erreur", a déclaré Emmanuel Macron à la presse lors d'une visite de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne), précisant qu'une décision sur un soutien à EDF serait prise d'ici le début du mois de mai. Prié de dire quelle forme prendrait ce soutien, il a ajouté : "La réponse sera équilibrée. L'Etat sera une partie de la réponse, soit par de la renonciation au dividende, comme nous l'avons fait cette année, soit par de l'augmentation de capital. Mais je ne veux dire ici aucun chiffre précis parce qu'il est trop tôt." L'Etat, qui détient 84,9% d'EDF, s'est déjà engagé à percevoir son dividende en actions au titre de 2015, ce qui évitera au groupe une sortie de cash de 1,8 milliard d'euros. Emmanuel Macron a aussi indiqué qu'une ouverture du capital de RTE, filiale d'EDF chargée du réseau de transport d'électricité, pourrait se faire à destination d'investisseurs publics et potentiellement d'autres partenaires, soulignant que cette opération permettrait de refinancer l'électricien. EDF peine à boucler le financement du projet Hinkley Point - estimé à 18 milliards de livres sterling (23 milliards d'euros environ) - alors qu'il doit aussi procéder à de lourds investissements dans le parc nucléaire français et au rachat de l'activité réacteurs d'Areva, le tout dans un contexte de chute des prix de l'électricité. Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a pour sa part réfuté des estimations de presse selon lesquelles EDF aurait besoin d'une augmentation de capital pouvant atteindre 11,7 milliards d'euros et a répété que le groupe comptait prendre bientôt sa décision d'investissement dans Hinkley Point. La visite de la centrale de Civaux a commencé par un accueil houleux réservé au ministre par la CGT, qui lui reproche d'imputer les difficultés d'EDF aux salariés et demande un report du projet Hinkley Point. Les promesses de soutien financier de l'Etat interviennent quelques jours après la démission surprise du directeur financier d'EDF, selon lequel le projet représentait un trop grand risque pour le bilan du groupe alors que sa dette atteignait 37,4 milliards d'euros à fin 2015. L'Etat français s'est par ailleurs engagé fin janvier à participer à une augmentation de capital de 5 milliards d'euros d'Areva en tant qu'actionnaires majoritaire de la société. L'opération devrait être effective début 2017. (Geert De Clercq, édité par Benjamin Mallet et Jean-Michel Bélot)