L'Etat islamique se retire partiellement du nord-est d'Alep

Près d'Alep, rebelle en lutte contre le groupe Etat islamique. L'organisation djihadiste a retiré des combattants et de l'équipement de plusieurs villages situés au nord-est d'Alep, dans le nord de la Syrie, disent rebelles et habitants. /Photo prise le 10 octobre 2014/REUTERS/Jalal al Mamo

par Suleiman Al-Khalidi AMMAN (Reuters) - L'organisation djihadiste Etat islamique a retiré des combattants et de l'équipement de plusieurs villages situés au nord-est d'Alep, dans le nord de la Syrie, a-t-on appris auprès de rebelles et d'habitants. Le groupe sunnite, qui a récemment cédé du terrain ailleurs en Syrie face aux troupes gouvernementales et aux forces kurdes, en particulier la ville de Kobani en janvier, ne s'est cependant pas totalement retiré de la région, dit-on de mêmes sources. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui s'appuie sur un réseau d'informateurs sur le terrain, a déclaré que l'Etat islamique redéployait ses forces plus à l'est pour affronter les peshmergas kurdes et des groupes rebelles concurrents. "Le front s'est étiré", a-t-il observé tout en notant que l'EI contrôlait toujours de vastes zones près d'Alep. Ces zones tenues par l'EI au nord-est de la ville marquent la limite ouest des territoires contrôlés par le groupe extrémiste sunnite en Syrie et en Irak. "Ce sont des retraits tactiques, ce n'est pas un retrait complet", a déclaré le chef d'un groupe rebelle rival. "Ils sont toujours là mais ils ont retiré leurs combattants étrangers, leur équipement lourd et modifié leurs positions", a dit ce chef rebelle par téléphone. Il a souhaité rester anonyme pour ne pas mettre en danger ses contacts dans la région. VILLAGES DÉSERTÉS L'EI semble se préparer à un retrait plus important, a-t-il ajouté, en précisant que le groupe avait démonté une fabrique de pain à Al Bab, à 40 km au nord-est d'Alep. Quatre autres rebelles ont fait état des mêmes mouvements. "Il y a des villages qui ont été désertés au cours des derniers jours", a confirmé Abdallah Samer al Machour, un notable de la tribu Machour, puissante dans le secteur. Selon l'OSDH, au moins 70 combattants de l'EI ont été tués dans les raids aériens qui se sont intensifiés depuis la diffusion, le 3 février, de l'exécution d'un pilote jordanien, brûlé vif dans une cage par les djihadistes. Moussa Chahine, un commerçant de la province d'Alep, déclare que de nombreux proches et amis qui ont rejoint les rangs de l'Etat islamique ont été tués, assurant que le groupe a été "sévèrement touché" par les récents bombardements aériens de la coalition conduite par les Etats-Unis. Il s'exprimait d'Azaz, une ville rebelle qui n'est pas sous le contrôle de l'EI. "Quatre-vingt-dix pour cent des jeunes gens que nous connaissons ont été tués ces deux ou trois derniers mois dans les attaques de la coalition", a-t-il dit. Selon l'OSDH, l'Etat islamique a recours à la conscription forcée pour renforcer ses effectifs. Le chef d'un groupe de l'opposition, qui se fait appeler Abou Issa, a déclaré que les rebelles anti-EI s'efforçaient désormais de déloger les djihadistes de la ville de Tel Abyad, une ville à l'est de Kobani. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)