L'Etat islamique revendique l'attaque de Tunis

L'Etat islamique revendique dans un enregistrement audio diffusé jeudi sur internet l'attaque qui a fait 23 morts, dont 20 touristes étrangers, la veille au musée du Bardo à Tunis. /Photo prise le 18 mars 2015/REUTERS

par Tarek Amara TUNIS (Reuters) - L'Etat islamique a revendiqué jeudi l'attentat qui a fait 23 morts, dont 20 touristes étrangers, mercredi au musée du Bardo à Tunis pour lequel neuf personnes ont été arrêtées par la police tunisienne. Dans un enregistrement sonore, l'organisation djihadiste, qui opère désormais en Libye, salue les deux assaillants qualifiés de "chevaliers de l'Etat islamique". La police a dit jeudi qu'elle cherchait encore à savoir si les deux hommes, Yassine Labidi et Hatem al Khachnaoui, étaient liés à l'Etat islamique ou à Al Qaïda au Maghreb islamique. La présidence tunisienne a annoncé dans la journée l'arrestation de neuf personnes dans le cadre de son enquête et le déploiement de l'armée dans les principales villes du pays. "Après une rencontre avec les forces armées, le président a décidé que la sécurité des grandes villes sera assurée par l'armée", dit-elle dans un communiqué. Interrogé sur RTL, le Premier ministre tunisien, Habib Essid, a confirmé que les deux auteurs de l'attaque avaient été identifiés et que l'un d'eux, Yassine Labidi, était connu des services de sécurité. A Tunis, les autorités ont déclaré avoir interpellé quatre personnes directement liées à l'attaque et cinq autres ayant des liens indirects avec l'affaire. Parmi elles, figurent le père et la soeur d'un des deux assaillants, a-t-on précisé de source proche des services de sécurité. Au moins deux Français ont trouvé la mort dans l'attaque et sept autres ont été blessés. Cinq Japonais, quatre Italiens, trois Tunisiens deux Colombiens, deux Espagnols, un Australien et un Polonais ont également péri. Le président François Hollande a évoqué jeudi la possibilité qu'un troisième Français ait été tué dans l'attaque. "Il est possible qu'il y ait une troisième victime française mais nous n'avons pas encore confirmation", a-t-il dit à son arrivée au Conseil européen à Bruxelles. Quatre ans après la chute du président Zine Ben Ali lors de la "révolution du jasmin", la Tunisie, qui s'est dotée d'une nouvelle Constitution et a organisé des élections libres, fait figure d'exemple en matière de transition démocratique. LE SECTEUR CLÉ DU TOURISME MENACÉ Les forces de sécurité sont toutefois toujours aux prises avec une rébellion islamiste qui compte dans ses rangs le groupe Ansar al Charia, placé par Washington sur sa liste des organisations terroristes, ainsi que Okba Ibn Nafaa, petite brigade de combattants affiliés à Al Qaïda opérant dans les montagnes le long de la frontière algérienne. L'attaque de mercredi semble avoir directement visé une économie tunisienne dans laquelle le tourisme compte pour 7% du produit intérieur brut. "Nous avons une saison touristique qui a déjà certains problèmes. Avec cet acte barbare, cela va encore approfondir les difficultés de certains secteurs", a dit Habib Essid. "Ce qui s'est passé hier à Tunis peut se passer à n'importe quel endroit du monde." Le gouvernement estime que les pertes pour le secteur pourraient atteindre 700 millions de dollars (657 millions d'euros) sur la saison en cours. La crainte de répercussions économiques a eu pour effet de faire reculer les indices boursiers de 2,5% à la Bourse de Tunis et deux voyagistes allemands ont déjà annoncé l'annulation pour quelques jours des excursions à Tunis proposées à leurs clients en séjour dans des stations balnéaires du pays. Accor, première chaîne hôtelière européenne, a dit avoir renforcé la sécurité dans ses deux établissements tunisiens tandis que l'italien Costa Croisières a annoncé jeudi avoir annulé ses escales en Tunisie. (Avec Elizabeth Pineau à Bruxelles,; Pierre Sérisier et Nicolas Delame pour le service français)