L'Etat islamique pourrait perdre la guerre faute d'argent

Drapeau de l'Etat islamique dans la province irakienne de Diyala. Selon des experts internationaux, les combattants de l'EI pourraient perdre la guerre qu'ils mènent en Irak et en Syrie faute de disposer de suffisamment de liquidités pour contrôler les territoires qu'ils ont conquis. /Photo prise le 24 novembre 2014/REUTERS

LONDRES (Reuters) - Les combattants de l'Etat islamique (EI) pourraient perdre la guerre qu'ils mènent en Irak et en Syrie faute de disposer de suffisamment de liquidités pour contrôler les territoires qu'ils ont conquis, alors qu'ils disposent d'actifs dont la valeur est estimée à plus de 2.000 milliards de dollars (1.600 milliards d'euros), selon des experts internationaux. Mais la gestion d'une administration entière - versement du salaire des fonctionnaires et de la solde des combattants, entretien des équipements et des services publics - représente un coût que l'Etat islamique ne peut pas assumer, selon Jean-Charles Brisard, consultant international et spécialiste du terrorisme. "Ce qui veut dire qu'à un certain moment la population risque de se tourner contre l'Etat islamique, ce qui n'est actuellement pas le cas, notamment en Irak", dit Jean-Charles Brisard dans un entretien publié jeudi. Selon lui, le sort de l'EI pourrait se trouver entre les mains des chefs tribaux sunnites irakiens qui ont joué un rôle central en 2006 et 2007 lorsqu'ils combattaient Al Qaïda avec le soutien de l'armée américaine. La politique menée par le gouvernement de l'ancien Premier ministre Nouri al Maliki, largement dominé par les chiites, a peu à peu incité les sunnites irakiens à soutenir l'EI et favorisé sa montée en puissance. Selon un rapport rédigé par Jean-Charles Brisard et Damien Martinez, directeur des ventes chez Thomson Reuters Risk pour l'Europe occidentale, les revenus annuels de l'EI sont évalués à 2,9 milliards de dollars par an, pour l'essentiel tirés de l'exploitation de ressources naturelles. Jean-Charles Brisard explique que les frappes aériennes de la coalition menée par les Etats-Unis qui visent l'Etat islamique n'ont pas pour objectif de ruiner l'activité économique, par crainte de voir la population se tourner contre les Américains. Le rapport estime à 30 millions de dollars les revenus mensuels que l'Etat islamique tire d'activités d'extorsion, soit 12% de ses recettes.A titre d'exemple, l'EI perçoit 800 dollars sur l'entrée en Irak de camions en provenance de Jordanie et de Syrie, taxe les retraits bancaires, prélève un impôt sur le pillage des sites archéologiques et monnaye la protection accordée aux populations non musulmanes. Le pétrole représente de son côté 38% des revenus de l'Etat islamique, contre 17% pour le gaz, 4% pour les enlèvements et les rançons et 2% versés sous la forme de dons. (Alex Whiting,; Nicolas Delame pour le service français)