L'Etat britannique cède environ 7,7% de RBS, à perte

par Emma Rumney et Lawrence White

LONDRES (Reuters) - L'Etat britannique va céder environ 925 millions d'actions Royal Bank of Scotland (RBS), autour de 7,7% du capital de l'établissement, pour environ 2,6 milliards de livres (2,96 milliards d'euros), a annoncé lundi l'agence chargée de ses participations.

La cession ramène à 62% la participation de l'Etat, qui a pris le contrôle de la banque en 2008, au plus fort de la crise financière, en la recapitalisant à hauteur de 45,5 milliards de livres.

Elle se fera via un placement accéléré auprès d'investisseurs institutionnels, organisé lundi soir par Morgan Stanley, Citigroup, Goldman Sachs et JPMorgan, a précisé UKGI (UK Government Investments).

Toutes les actions ont trouvé preneur en l'espace d'une demi-heure, signe de l'intérêt des investisseurs, a-t-on appris auprès d'une des trois banques d'investissement.

Le prix de cession devrait être connu mardi matin.

RBS a refusé de commenter ces annonces.

L'Etat subira une perte sur cet investissement puisque cette participation valait deux milliards de livres de plus quand le gouvernement a pris le contrôle de la banque en payant 502 pence par action.

RBS a perdu près de la moitié de sa valeur en Bourse sur les 10 dernières années, du fait d'importants coûts juridiques et de restructuration qui ont grevé ses résultats.

Le titre a terminé à 280 pence lundi à la Bourse de Londres, en hausse de 0,57% sur la séance.

La perte sera encore plus importante pour le contribuable en prenant en compte le prix d'équilibre de 625 pence par action estimé par l'Office d'audit national, qui inclut les coûts de financement.

"Il n'y a aucune justification économique à ce bradage d'actions RBS", a réagi l'opposition par la voix de John McDonnell, ministre des Finances dans le cabinet fantôme du Parti travailliste.

"A cause de l'obsession qu'a ce gouvernement à privatiser, les contribuables qui ont renfloué la banque vont maintenant subir une énorme perte."

Le gouvernement avait vendu une première tranche de RBS en 2015, cédant alors une participation de 5,4% au prix de 330 pence par action, soit une perte de 1,1 milliard de livres sur l'opération.

L'opposition avait déploré cette initiative et la privatisation a été mise en veilleuse jusqu'à cette année, le temps pour RBS de négocier la fin d'un litige aux Etats-Unis.

La banque a accepté le mois dernier de verser 4,9 milliards de dollars (4,1 milliards d'euros) pour mettre fin à une enquête sur la conception et la vente de produits toxiques avant la crise financière.

"Tout le monde était à peu près d'accord sur la nécessité du sauvetage de RBS pour préserver la stabilité financière, mais le coût de cette intervention commence seulement à émerger", commente Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown.

"En tant qu'entreprise, RBS reste sur la voie du redressement et peut donc être une valeur de 'recovery' intéressante pour les investisseurs ayant un horizon d'investissement de long terme", ajoute-t-il.

(avec les contributions de Dasha Afanasieva et Shalini Nagarajan, Juliette Rouillon et Véronique Tison pour le service français)