Yahoo Actualités Je milite donc je deviens lesbienne : "À 32 ans, j’avais l’impression d’avoir déjà vécu une vie et d’être déçue"
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Dans les années 70, le lesbianisme politique est un courant de pensée issu du féminisme radical. Il se définit par un refus de partager des relations avec des hommes dans l’optique de combattre le patriarcat. Pour certaines femmes aujourd’hui, il est question de sortir de schémas toxiques et de se donner l’opportunité de vivre des histoires d’amour équilibrées. C’est ces histoires que nous allons raconter.
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Pour Claire, 46 ans, il y a un avant et un après les hommes : "J’ai passé les 30 premières années de ma vie à suivre le chemin balisé. J’ai eu des petits copains au collège et au lycée, je ne me suis jamais demandé si j’étais autre chose qu’hétérosexuelle, j’ai eu une grande histoire. Je me suis mariée et puis j’ai divorcé. À 32 ans, j’avais l’impression d’avoir déjà vécu une vie et d’être déçue. J’ai essayé de faire mieux que ma mère et que ma grand-mère. J’ai essayé d’être indépendante financièrement et d’être un exemple pour ma fille. Mais je n’étais pas épanouie."
La découverte des cercles de femmes
C’est là qu’elle découvre les cercles de femmes : "Ce n’était pas à la mode comme maintenant de se retrouver entre femmes. J’en ai entendu parler chez ma psy en fait. Elle m’a dit que des femmes se retrouvaient pour parler dans une salle qu’il y a à la Maison des Associations près de chez moi. Ça a été une révélation pour moi. D’abord c’est la première fois que j’entendais parler de féministes en dehors de Simone de Beauvoir et ensuite je me suis sentie tout de suite très proche de ces femmes qui avaient des vécus à la fois très différents et très similaires du mien. On se retrouvaient une fois toutes les deux semaines et je me souviens que j’avais envie d’y aller tout le temps."
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Avec les mois, les amitiés se forment : "Il y avait déjà des amitiés fortes dans ce groupe. Je suis arrivée presque comme un cheveu sur la soupe. Mais en fait, je me suis rapprochée aussi très vite de certaines femmes. Et en particulier d’une que j’ai fini par voir en dehors du cercle. C’est elle qui a fait mon éducation, dans tous les sens du terme. Elle m’a conseillé des lectures, elle a pris le temps de discuter avec moi de mon expérience de vie et de la sienne et puis on s’est un peu plus rapprochées encore."
Les deux femmes s’embrassent à la suite d’un de leurs rendez-vous : "Je n’avais jamais pensé qu’elle puisse être lesbienne. Je savais qu’elle avait eu des relations avec des hommes. Mais c’était très naturel sur le moment et je me sentais bien. Je dirais même que j’en ai eu envie. C’est comme ça qu’une autre partie de mon histoire a commencé… avec elle."
"Je n'ai plus envisagé de me mettre en couple avec un homme"
Leur relation dure 4 ans avant de s’arrêter sans rancune : "On a fait le tour de ce qu’on avait à vivre ensemble, c’est comme ça. J’ai découvert avec elle que c’était possible de quitter quelqu’un et de rester amies quand même. On se voit très régulièrement encore. Je lui souhaite beaucoup de bonheur donc je suis heureuse quand ça se passe bien pour elle et je sais que c’est réciproque. Je n’ai plus jamais envisagé de me mettre en couple avec un homme. Je me considère comme féministe, je n’imagine pas revenir en arrière. Je ne dis pas que le féminisme passe forcément par le fait de devenir lesbienne mais pour moi c’est un élément important de mon engagement. Je sais que si je suis en couple avec un homme, je vais retomber dans mes vieux travers. Je vais tout faire pour être la bonne ménagère. Et ce n’est pas moi."
Depuis sa première relation avec une femme, Claire a eu d’autres histoires : "Je suis célibataire en ce moment et ça me va très bien. Mais avant ça, j’ai eu deux autres histoires avec des femmes. Une relation passionnée et très intense et une autre qui aurait pu durer plus longtemps si ma partenaire n’avait pas eu très envie de faire un enfant, ce que moi je ne veux plus. Actuellement, je me concentre sur ma fille, sur mes amitiés, sur mon travail, sur moi. Je veux être à 100% présente pour les personnes autour de moi et dans ce que je fais. Mais c’est un état d’esprit complètement différent de ce que j’ai vécu avec les hommes avant. Je ne me sacrifie pas pour les autres. Je donne et je prends, je partage et je m’enrichis. Ces dernières années, je ne me suis jamais sentie aussi épanouie."
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